Les employés d’Aliments Merci en grève sur Masson
Alors que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis le début de la pandémie, les employés de l’épicerie Aliments Merci de la Promenade Masson ont décidé de se mettre en grève.
Après avoir tenté en vain pendant plusieurs mois d’entamer des négociations avec leur employeur dans le but de mettre au point une première convention collective, les employés d’Aliments Merci de la rue Masson ont voté le 18 mars pour une grève générale illimitée.
Depuis, ils sont présents tous les jours devant la boutique fermée où ils font du piquetage pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Alors qu’ils ont été en première ligne dès le début de la pandémie de COVID-19, les employés de cette épicerie ont vu leur revenu diminuer après que les propriétaires de la firme eurent décidé de supprimer leur pause payée.
«On a décidé de se syndiquer cet été parce qu’on voyait que nos conditions de travail n’arrêtaient pas de se dégrader, on devenait de plus en plus précaires. Dans notre convention, on souhaite par exemple fixer le salaire minimum à 15 $ de l’heure et obtenir une garantie d’heures de travail», explique la déléguée syndicale Agathe Dessaux.
Les salaires des conseillers-caissiers du magasin sont en effet très bas à l’heure actuelle. À titre d’exemple, avec cinq ans d’ancienneté, Hubert Demers-Campeau, employé de l’épicerie, perçoit un salaire horaire à peine supérieur au salaire minimum, soit 13,39$.
«Nos salaires n’augmentent pas et d’un autre côté, on a été témoin d’une hausse des ventes et de l’inflation des prix dans le magasin», souligne ce dernier.
Sous surveillance
Outre la question des salaires, la «surveillance constante» à laquelle les employés sont soumis est un autre des griefs porté contre la direction d’Aliments Merci.
«Il y a énormément de caméras dans la boutique, mais il y en a aussi dans la salle des employés où on prend nos pauses, indique Mme Dessaux. On nous a dit que c’était pour éviter les vols puisqu’il y a un congélateur dans cette salle, mais la caméra est surtout braquée sur la table.»
Les employés réclament ainsi que la caméra se trouvant dans la salle des employés soit retirée. Ils ont d’ailleurs déposé une plainte à ce sujet auprès de la Commission d’accès à l’information.
«C’est sûr que ça met de la pression et on sent qu’on ne nous fait pas confiance, témoigne M. Demers-Campeau. En plus, on sait que certains de nos supérieurs peuvent surveiller ce qu’il se passe sur les caméras depuis leur maison.»
Négocier
Depuis le début de la grève, deux réunions entre l’employeur et les représentants des employés ont eu lieu en présence d’un conciliateur.
Encouragés par leurs clients et les résidents du quartier, Mme Dessaux et ses collègues espèrent que les négociations pourront finalement progresser.
«Pour le moment, 90% de nos demandes d’ordre monétaire ont été rejetées, mais on reste ouverts au dialogue, en espérant que l’employeur finira par entendre raison», dit-elle.
Appelée à réagir, la direction d’Aliments Merci n’a pas souhaité faire de commentaires au sujet de cette grève.
«Aliments Merci a toujours reconnu l’apport essentiel de ses employés pour le succès de son entreprise et nous remercions chacun d’entre eux qui sont présents chaque jour pour accueillir notre clientèle», a toutefois souligné le directeur des ressources humaines d’Aliments Merci, Denis Dubord.