Une pétition pour «sauver Pâques»
La paroisse Saint-Bonaventure, située dans Rosemont, a lancé récemment la pétition «Chrétiens, sauvons Pâques» collectivement avec d’autres groupes chrétiens. Leur but: demander à Québec de calculer la capacité d’accueil des lieux de culte en fonction de leur superficie.
C’est Élisabeth Boily, adjointe à la mission de la paroisse Saint-Bonaventure, qui a pris cette initiative. La pétition qu’elle qualifie de «cri du cœur» a recueilli plus de 3000 signatures depuis le 24 janvier.
«C’est vraiment une initiative qui part de la base, de plusieurs églises qui se sont regroupées pour se faire entendre. On a pas eu de Pâques l’année dernière, ce n’est pas possible que ça se reproduise encore cette année», explique Mme Boily.
Alors que les lieux de culte sont pour le moment limités à accueillir un maximum de 10 personnes, la pétition réclame que Québec revoie ce chiffre à la hausse avant la fête de Pâques.
Plus précisément, le collectif chrétien demande que la capacité d’accueil des églises et autres lieux de culte soit calculée en fonction de leur superficie, de la même manière que les magasins.
«Notre église est très grande par exemple, on pourrait facilement accueillir un plus grand nombre de personnes tout en respectant les mesures sanitaires, fait valoir Mme Boily. Avant la pandémie, on avait parfois plus de 250 personnes ici.»
Selon elle, limiter la capacité des églises à 10 personnes seulement est aussi très compliqué parce que cela revient à refuser l’accès à certaines personnes. Il serait même «impossible» d’assurer un roulement sans que certains soient lésés.
«Soignants des âmes»
Au-delà de Pâques, «fête la plus importante pour le christianisme» d’après la pétition, Mme Boily défend le rôle crucial des intervenants pastoraux dans le contexte de la crise sanitaire. En particulier à Saint-Bonaventure où l’équipe de la paroisse travaille depuis plusieurs années à renforcer les liens avec sa communauté.
«En ce moment, beaucoup de gens font face à une perte de sens, illustre-t-elle. Je crois que la foi a quelque chose à dire dans cette situation. Plusieurs vivent aussi des deuils et ressentent le besoin d’être accompagnés spirituellement dans cette épreuve.»
«Nous sommes en quelque sorte les soignants des cœurs et des âmes. On apporte un message d’espérance», ajoute l’adjointe de mission.
Appelé à réagir à la pétition, l’évêque auxiliaire du Diocèse de Montréal, Mgr Alain Faubert, appuie ce point de vue. Il rappelle d’ailleurs que les lieux de culte prennent part à la vie sociale des communautés, notamment à travers des initiatives comme les magasins-partage ou les haltes-chaleur.
«Les intervenants pastoraux sont en quelque sorte en première ligne pour répondre aux besoins spirituels des croyants», souligne-t-il.
Cohérence
Quelles que soient les mesures prises par Québec, Mgr Faubert souhaite surtout éviter le «deux poids, deux mesures». Contrairement aux magasins où les clients sont amenés à se déplacer beaucoup et à toucher différents objets, dans les lieux de culte, les déplacements sont minimes, limitant les risques selon lui.
«Les élus ne connaissent pas toujours très bien le rôle que peuvent jouer les lieux de culte. Nous sommes justement en dialogue avec le gouvernement et la Santé publique pour exprimer ces enjeux», explique l’évêque.
Toutefois, Mgr Faubert tient à rappeler que le virus représente un danger bien réel qui ne doit en aucun cas être sous-estimé.
«Les droits et les besoins spirituels des croyants doivent être mis en équilibre avec nos devoirs et notre responsabilité face à ce virus sournois, insiste-t-il. Ça veut dire suivre les recommandations des spécialistes. On s’enligne sur la science tout en gardant un portrait d’ensemble de la situation.»