Vague de soutien pour un travailleur essentiel menacé de déportation
Alors qu’Alexandre Boulerice a écrit au ministre fédéral de l’Immigration pour faire libérer Mamadou Konaté, un groupe de citoyens se mobilise aussi pour défendre la cause de ce travailleur essentiel qui risque la déportation.
Malgré son implication auprès des aînés dans les CHSLD pendant toute la durée de la première vague et qui lui a valu d’être lui-même infecté par la Covid-19, Mamadou Konaté a été arrêté le 23 septembre, faute de statut légal. Depuis, il est détenu au Centre de surveillance de l’immigration de Laval en attente d’être déporté.
Face à cette situation, et après avoir reçu plusieurs demandes à ce sujet, le député fédéral de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice a envoyé une lettre au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, Marco Mendicino.
«Nous vous demandons de bien vouloir agir afin de permettre que M. Mamadou Konaté ainsi que les demandeurs d’asile exerçant des travaux essentiels puissent enfin s’établir définitivement dans notre société», peut-on y lire.
Il déplore aussi que la mesure mise en place pour permettre aux demandeurs d’asile d’obtenir la résidence permanent soit réservée uniquement aux travailleurs essentiels qui ont œuvré dans le domaine des soins de santé.
«Le gouvernement fédéral ne dénonce pas non plus cette injustice. Le ministre devrait prendre position publiquement en faveur de plus d’ouverture», a souligné M. Boulerice lors d’une entrevue.
Sollicité par Métro Média, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada n’a pas souhaité commenter le cas particulier de M. Konaté pour des raisons de confidentialité.
«Les décisions qui sont prises dans de tels dossiers ne le sont jamais à la légère, et seulement après une étude approfondie du dossier. […] Une fois qu’une personne a épuisé tous les recours disponibles, elle doit respecter nos lois et quitter le pays», a toutefois précisé Nancy Caron, porte-parole du ministère.
Solidarité citoyenne
Comme M. Boulerice, de nombreux citoyens soutiennent la cause de M. Konaté. Une pétition, lancée au moment de son arrestation, a ainsi obtenu plus de 36 000 signatures.
Elle réclame également que les différents paliers de gouvernement ordonnent la libération de M. Konaté et permettent à tous les demandeurs d’asiles travailleurs essentiels d’obtenir la résidence permanente.
Le groupe «Solidarité pour Mamadou» qui est à l’origine de cette pétition a aussi organisé une mobilisation citoyenne, demandant d’appeler et d’envoyer massivement des courriels à M. Mendicino et à Nadine Girault, son homologue québécoise.
Québec «contradictoire»
Les députés de Québec solidaire, Manon Massé, Andrés Fontecilla et Gabriel Nadeau-Dubois, ont ainsi interpellé à plusieurs reprises le gouvernement caquiste, demandant à la ministre de l’Immigration Mme Girault d’agir en la faveur de M. Konaté.
«Nous continuons de suivre le dossier. Le cabinet de la ministre reste en lien avec le cabinet de son homologue fédéral», a fait savoir Flore Bouchon, attachée de presse du cabinet de la ministre.
Face à ces demandes répétées, la ministre avait pourtant répondu la semaine dernière qu’elle n’interviendrait pas, puisque «la procédure de révision judiciaire relève exclusivement du gouvernement fédéral».
«Mme Girault plaide l’impuissance face au gouvernement fédéral, mais c’est faux. Le gouvernement québécois peut agir. Ça s’est déjà fait par le passé, c’est une question de volonté politique», explique M. Nadeau-Dubois, député solidaire de Gouin.
D’après lui, cette inaction est contradictoire avec le discours tenu depuis la première vague selon lequel le gouvernement québécois serait reconnaissant face aux efforts des «anges-gardiens» demandeurs d’asile.
«François Legault a lui-même signé avec le gouvernement fédéral l’entente qui exclut les travailleurs essentiels qui ne prodiguent pas eux-mêmes des soins de santé. Son obsession idéologique en matière d’immigration passe donc avant le bien-être des aînés qui ont besoin de personnes comme M. Konaté», conclut-il.