L’effet de la pandémie sur la réussite des cégépiens demeure difficile à évaluer. Dans les cégeps du Québec, les étudiants se sont prévalus en masse de la mention «incomplet» plutôt que d’abandonner leurs cours. Le Cégep Marie-Victorin n’y fait pas exception.
La mention incomplet permet d’abandonner un cours après la date limite, sans mention d’échec et sans effet sur la Cote R, pour une raison considérée hors de contrôle pour l’étudiant.
La pandémie a amené le ministère de l’Enseignement supérieur à faciliter l’accès à ce type d’abandon, en demandant de manière moins systématique un certificat médical par exemple.
Il en résulte un nombre record de bulletins avec cette mention, selon un sondage de la Fédération des cégeps rendu public le 28 janvier. Selon des données préliminaires recueillies dans 42 des 48 établissements, 5822 étudiantes et étudiants ont demandé la mention « incomplet » pour l’ensemble de leurs cours.
Au Cégep Marie-Victorin, 2037 cours portaient la mention «incomplet» à l’automne 2020, soit plus de trois fois plus qu’à l’automne 2019.
Des abandons aux incomplets
Pour Marie Blain, directrice des études au Cégep, la hausse des incomplets ne témoigne pas d’une désaffection des étudiants envers leur formation, puisque les abandons ont diminué en parallèle, passant de 4507 à 3445 pendant la même période.
«L’étudiant, qu’il échoue un cours, l’abandonne ou demande un incomplet, le résultat est le même, il va devoir le refaire», explique-t-elle.
Charles Lemieux, président du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Marie-Victorin, abonde dans le même sens.
«D’une certaine façon, c’est positif. Ça a permis aux étudiants de persévérer plus longtemps dans leur programme», souligne-t-il.
Pas de formation à rabais
Le décrochage massif appréhendé par certains n’a pas eu lieu. Le nombre d’inscrits est resté sensiblement le même à la rentrée 2020 que l’année précédente, autour de 3600.
Quant au taux d’échec, il a légèrement augmenté, passant de 16,3% à l’automne 2019 à 17,6%, à l’automne 2020.
Il y a pas de formation à rabais au cégep Marie-Victorin, assure par ailleurs Mme Blain.
«On améliore de plus en plus notre prestation de cours à distance et la gestion des horaires pour les cours sur place. Ça reste motivant pour les étudiants», dit-elle.
«Les professeurs ont le souci le maintenir les standards», témoigne de son côté M. Lemieux, lui-même enseignant en travail social.
Il faudra toutefois prévoir des ressources pour l’encadrement des prochaines cohortes, selon lui, puisque le taux d’échec a triplé dans les écoles secondaires avec la pandémie.
Une autre session à distance
La session d’hiver se déroulera encore une fois en majorité en virtuel, compte tenu de la situation sanitaire.
Le Cégep a toutefois tenté d’augmenter les activités en présence dans la mesure du possible.
L’ensemble des stages se fera sur place. Il sera également possible de tenir des examens en personne dans certains cas.