Une session en majorité à distance au Cégep Marie-Victorin
La pandémie vient avec son lot de bouleversements au Cégep Marie-Victorin, où plus des deux tiers de l’enseignement se fera à distance cet automne. Malgré tout, les étudiants sont au rendez-vous. L’établissement compte 3791 inscriptions, un nombre similaire à celui de l’an dernier.
Marie Blain, directrice des études, est rassurée de voir que les jeunes n’ont pas déserté le collégial, comme les plus pessimistes l’avaient prédit pendant le confinement du printemps dernier.
«Certains ont un parcours scolaire plus difficile à cause de la fin du secondaire qui ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions, mais on voit qu’il y’a une persévérance. Les étudiants ont maintenu leur projet d’études», souligne-t-elle.
Comme dans la majorité des cégeps, l’enseignement se fera en grande partie à distance. Le «présentiel» est privilégié pour environ un tiers des activités d’apprentissage, particulièrement pour les laboratoires en science et les ateliers du programme de Design de mode, par exemple.
Surcharge de travail
Cette formule hybride comporte son lot de défis autant pour la direction, les enseignants que les étudiants.
«Le nombre d’heures que les enseignants consacrent à adapter leur cours à la formation à distance, c’est effarant», affirme Charles Lemieux, président du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Marie-Victorin.
Il dénonce le manque de vision et d’organisation du ministère de l’Éducation, dont les directives sont floues, selon lui.
«Tout le monde fait de son mieux, mais le ministère n’est pas au rendez-vous pour répondre aux besoins.» -Charles Lemieux, président du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Marie-Victorin
«Les ressources arrivent, mais elles sont insuffisantes et elles arrivent tard, au moment où la session commence. Il y a un manque de reconnaissance de la surcharge de travail générée par la situation actuelle», dit-il
Inégalités
De nombreux étudiants ont du mal à concilier leurs études et leur vie familiale dans le contexte de la pandémie, remarque de son côté Kassie Raymond, déléguée à la coordination du conseil exécutif du Syndicat étudiant du cégep.
«On a beaucoup de parents étudiants. Ils doivent suivre leurs cours en étant avec leurs enfants», explique-t-elle. Tous les étudiants ne sont pas habitués à se concentrer devant un écran pendant de longues heures, d’autant plus que certains n’ont pas accès à un environnement de travail et à une connexion Internet suffisante, ajoute-t-elle.
À cela s’additionnent les défis financiers associés à l’achat d’équipement spécialisé pour le programme de design de mode, par exemple.
Atténuer les effets de la pandémie
Marie Blain reconnaît que les jeunes n’arrivent pas tous avec le même bagage.
Elle souligne que le cégep a fait de l’accès à la technologie une priorité dès le début de la pandémie. Les étudiants ont été sondés à la fin du printemps pour savoir s’ils allaient avoir besoin de matériel informatique ou d’une machine à coudre domestique à la rentrée.
Ils pourront aussi utiliser dans une certaine mesure les laboratoires informatiques et l’équipement spécialisé requis dans le programme de Design de mode, par exemple.
Devant les semaines d’apprentissage que certains nouveaux étudiants ont perdu à la fin de leur secondaire, elle refuse de se décourager.
«Il y a une adaptation qu’on doit faire. Notre travail, c’est de les aider le plus possible à atténuer les effets de la pandémie», dit-elle.