Coronavirus : revenu au pays, le couple du Diamond Princess reste sur le qui-vive
Pour avoir vécu l’expérience traumatisante à bord du bateau de croisière Diamond Princess où plus de 600 personnes ont contracté le coronavirus et où un Canadien a perdu la vie, Manon Trudel et Julien Bergeron sonnent l’alarme. De retour au pays, ils s’inquiètent de l’efficacité des mesures mises en place par Québec et exhortent les Québécois à rester chez eux.
Même s’ils ont des papiers canadiens et japonais confirmant leur guérison du nouveau coronavirus, Manon Trudel et Julien Bergeron ont décidé de se mettre en quarantaine volontaire, par précaution. Ils ont aussi demandé à leur fils, vivant habituellement avec eux, d’aller ailleurs. D’une part de peur de recontracter le virus, car les études sur l’immunité ne sont pas encore très significatives, mais aussi pour ne pas le propager. Et ils souhaiteraient que tout le monde en fasse ainsi.
«Il faut que chacun fasse son rôle, il faut rester chez soi… Personne ne sait ce que c’est la vraie quarantaine, c’est presque comme la prison, là, on a quand même le droit de prendre des marches», martèle Julien Bergeron qui est resté 38 jours enfermé à bord du bateau et à l’hôpital.
Mme Trudel ajoute qu’il «faut changer ses habitudes de vie, par exemple, nous, on a appris à faire l’épicerie en ligne». Leur conseil pour gérer le quotidien ? «Prendre des marches, aérer le logement et prendre des nouvelles des gens.» Et surtout, rester chez soi.
«On a encore beaucoup de questions et d’inquiétudes»
Ils mettent également en garde sur le fait que même si on est en santé, on peut être porteur du coronavirus, à l’image de la Pointelière n’ayant aucun symptôme et ayant été testée positive après son passage sur le Diamond Princess.
De son côté, Julien Bergeron a été hospitalisé pour une pneumonie pendant quelque 22 jours. Il avait pourtant une légère fièvre, «37,8», ressentait des douleurs à la poitrine et de la fatigue.
Même s’ils font confiance au gros bon sens des Québécois, Manon Trudel se demande si des contrôles stricts des quarantaines pour les personnes de retour de voyage sont faits ou encore si les personnes infectées chez elles respectent cet isolement.
«Ils sont où ceux qui ne sont pas hospitalisés ? Les gens testés positifs peuvent être avec leur chum, leur bonde, leurs enfants, est-ce qu’ils sont assez responsables dans leur isolement ? Les autres dans la même famille, ils sont aussi en isolement ? Est-ce qu’ils sortent ?», questionne Manon Trudel. «On a encore beaucoup de questions et d’inquiétudes», conclut-elle.
«Mais même si on guérit et que les symptômes ne sont pas forts, il ne faut pas pour autant le redonner à des personnes plus vulnérables», insiste Julien Bergeron.
Le couple compare également le mode d’action du Québec et du Japon. «Pourquoi les cas positifs ne sont pas tous hospitalisés ? Même moi qui était asymptomatique, je l’ai été !», demande Manon Trudel. Le couple a subi quelque onze tests, ils voudraient ainsi que plus de personnes soient testés.
Ce lundi 23 mars, une clinique de dépistage sans rendez-vous a été installée sur la place des Festivals à Montréal. Accessible seulement pour les personnes revenant de voyage, les gens ayant été en contact avec ces derniers et ceux présentant des symptômes, cette clinique a une capacité de 2000 à 2500 tests par jour.