«C’est dangereux de traverser Outremont à vélo»
En semaine, autour de l’école primaire Guy-Drummond dans Outremont, fréquentée par 450 enfants, c’est le branle-bas de combat entre automobilistes, cyclistes et piétons. Plus de la moitié de ces petits viennent à l’école en vélo et doivent composer avec les voitures qui viennent déposer leurs camarades en plus des autobus scolaires. Un vrai défi pour les brigadiers.
Le professeur de développement durable à HEC Montréal Yves Plourde, lui aussi impliqué dans le comité de parents de cette école, a réussi à faire changer la configuration dans ce secteur. Mais, selon lui, il reste encore beaucoup à faire dans le réseau. «C’est dangereux de traverser Outremont à vélo, constate M. Plourde, Rosemont et le Plateau sont plus avancés et à Côte-des-Neiges, le réseau est plutôt bien pensé.»
Pour lui, il y a un véritable problème de conception dans tout le réseau, qui donne la priorité aux voitures. En outre, la majorité des pistes sont bidirectionnelles. «Une piste bidirectionnelle, cela peut aller lorsqu’il n’y a pas d’intersection. Sinon, à ce moment, on se retrouve dans l’angle mort des véhicules lorsque vient le temps de traverser», explique M. Plourde.
Collecte de données
M. Plourde appelle l’arrondissement à restructurer le réseau. Le résident d’Outremont a même invité le nouveau directeur d’arrondissement, Michel Larue – et ce dernier s’est présenté -, à constater de visu la problématique. «La bonne nouvelle, c’est qu’ils sont en train de collecter des données en installant des caméras à plusieurs intersections afin de pouvoir prendre une décision», se réjouit Yves Plourde, qui prône des pistes unidirectionnelles partout dans le quartier.
J’aime beaucoup ce qu’ils sont en train de faire, dit le professeur de développement durable, à savoir collecter des données. Je sais qu’il y en a qui les pressent pour faire des pistes. Mais, il ne faut pas regarder une piste en isolation, mais plutôt voir le réseau dans son ensemble.
Yves Plourde, impliqué dans la mobilité durable dans Outremont
Mais en attendant, un grave problème de marquage au sol affecte le réseau. Au dernier conseil municipal, celui du 6 juin, une citoyenne a interpellé le maire Laurent Desbois sur la question. Ce dernier a dit comprendre la frustration de la résidente. Mais M. Desbois attribue ces retards à la soumission, trois fois plus coûteuse, présentée par un nouvel entrepreneur. «J’aimerais qu’on soit les premiers à faire le marquage, a soutenu le maire, mais on accuse du retard avec la signature d’un contrat avec l’ancien fournisseur.»
Enjeu pour enfants et aînés sur l’avenue Bernard
Par ailleurs, cyclistes et piétons sur l’avenue Bernard, assez large pour être partagée, ne s’entendent pas trop sur les portions piétonnes. Le maire confirme recevoir des doléances de la part d’aînés, mais aussi de parents d’enfants qui ne se sentent pas en sécurité.
«Est-il envisageable d’aménager de manière sécuritaire les trois tronçons, notamment sur Bernard actuellement fermée aux voitures, pour que les vélos puissent traverser sans mettre en danger les piétons?», a demandé une citoyenne au maire lors du dernier conseil d’arrondissement.
Le maire a pris une grande respiration, et a pris sa tête dans ses mains, après un long silence. Laurent Desbois a ensuite concédé qu’il s’agissait d’un enjeu et «qu’il faut toujours penser aux plus vulnérables».
Il y a un enjeu différent sur Bernard. L’alternative, c’est juste de débarquer de son vélo et de marcher trois blocs de rue. Je pense que ce n’est pas beaucoup demander pour que tout le monde se sente en sécurité. Mais on est ouvert à faire évoluer les choses si on est capable de trouver un meilleur compromis.
Laurent Desbois, maire d’Outremont
Geneviève Robert, une enseignante à l’école Guy-Drummond, habite dans Villeray, juste à côté. Elle va travailler en bicyclette tous les jours. Et même la fin de semaine, elle se déplace à vélo. Métro l’a rencontrée samedi sur le tronçon piéton de Bernard en train de rouler. «Je déroge à la règle», s’empresse-t-elle de nous dire.
«Mais il n’y a pas assez de pistes et ici on doit toujours garder la droite et faire très attention. Certaines intersections, comme les avenues Parc et Bernard, c’est affreux. Quand je tourne, les gens ne savent pas trop qui fait quoi», déplore l’enseignante.
Controverse sur une piste retirée
Un autre tronçon compris entre l’avenue Stuart et l’avenue Outremont fait l’objet de controverse. La conseillère de Projet Montréal Valérie Patreau affirme que l’arrondissement a fermé la piste, ce que les communications de la ville démentent.
«Or, c’est le contraire, la voie partagée entre les cyclistes et automobilistes sur Lajoie sera remplacée par une piste cyclable. Donc, ça amène plus de sécurité», précisent les services de communication d‘Ensemble Montréal, le parti du maire.