William Novick, docteur à la retraite et vétéran juif, a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’armée de l’air. De 1941 à 1945, il s’engage auprès de l’Aviation royale canadienne comme pilote bombardier. Dans le cadre de la semaine des vétérans, il a accepté de partager son histoire avec Métro.
Du haut de ses 97 ans, William Novick se souvient encore très bien de sa jeunesse passée sur le front de guerre. À l’époque, en 1941, il n’était qu’un jeune homme de 18 ans qui venait tout juste d’obtenir son diplôme de secondaire à l’école Baron Byng High School, située près du parc Jeanne-Mance. Lui, vivait à l’est de la rue Saint-Denis, dans une famille juive, et où se mélangeaient anglophones et francophones.
Une fois sorti de l’école, comme tous les jeunes de son âge il entame son service militaire obligatoire dans le cadre de la circonscription adoptée lors de la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, le service militaire est interne, et la plupart des militaires qui partent combattre à l’extérieur du pays sont des volontaires.
William Novick est inquiet du sort des juifs en Europe. Il suit une formation de pilote, puis est envoyé sur le front anglais afin de devenir bombardier. Pendant la guerre, il participe à plus d’une trentaine de bombardements en Allemagne et dans les pays occupés comme la Pologne et la France. « Nous avons tué beaucoup de civils pendant ces bombardements, tout comme l’ont fait les Allemands. […] mais nous n’avions pas le choix. ». Pour lui, c’était le seul moyen pour les Anglais, et plus tard les Américains, de gagner la guerre, jusqu’au jour du débarquement de 1944 en Normandie, auquel William Novick a participé.
À son retour au Canada, William Novick retourne sur les bancs de l’école, et suit une formation de médecine à l’université Queen’s, avant de pratiquer à l’Université McGill. La période de la Seconde Guerre mondiale marque aussi la fin des quotas imposés par l’Université McGill, qui limitaient l’entrée des étudiants juifs en médecine. Après huit ans d’études et six ans de formation, il devient docteur et pratique la médecine à l’Hôpital Royal Victoria, entre autres. Il n’a pris sa retraite que tout récemment, juste avant le début de la pandémie.
Aujourd’hui, il vit paisiblement depuis 50 ans à Saint-Laurent aux côtés de sa femme, qui fêtera bientôt en fanfare ses 90 ans en compagnie de toute sa famille.
Vétéran juif
Dans les années 1940, l’antisémitisme était très présent, en Allemagne nazie certes, mais aussi au Canada et au Québec. Dans le livre Double Threat : Canadian Jews, the Military, and World War II (Double menace : les Juifs, l’Armée et la Seconde Guerre mondiale), l’autrice et journaliste Ellin Bessner a rencontré plus de 300 vétérans juifs qui ont témoigné des actes et paroles antisémites qui avaient lieu dans l’armée.
William Novick, de son côté, a moins été témoin ou victime d’actes antisémites dans son unité. Mais il rappelle toutefois qu’il prenait garde à éviter les « personnes qui cherchaient la bagarre […]. je choisissais mes amis avec attention. ».
Même s’il n’a pas été directement concerné par l’antisémitisme au sein de son unité, il était au courant que des militaires d’autres corps de l’armée en étaient victimes.
Aujourd’hui, William Novick continue d’assister aux commémorations le 11 novembre. Plusieurs fois, il s’est rendu en Normandie afin de rendre hommage aux soldats morts au combat. « Je vois la tombe de ces jeunes soldats canadiens, qui avaient 19, 20, 21 ans et je réalise la chance que j’ai d’avoir eu une vie différente de la leur. ».