Montréal-Nord: des changements qui donnent espoir aux cols bleus racisés
Un an et demi après le dépôt, en mai 2021, des rapports Soares et Saba sur la discrimination des cols bleus racisés à Montréal-Nord, l’Arrondissement, le Syndicat et même le regroupement des cols bleus victimes reconnaissent qu’il y a eu des avancées dans l’application des recommandations. Tout le monde ne s’accorde cependant pas sur le niveau d’évolution que connait le dossier.
«Au plan de l’avancement, c’est très lent, relève Fo Niémi, du Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR). On constate qu’il y a récemment eu la mise sur pied de quelques structures de conversation, comme des comités consultatifs.»
M. Niémi représente devant le Tribunal administratif du travail une quarantaine d’employés de Montréal-Nord qui ont porté plainte contre leur syndicat pour défaut de représentation.
Vent d’espoir
Le Syndicat des cols bleus regroupés (SCFP 301) parle de son côté de progrès significatifs dans les discussions. «En ce moment, on a une lueur d’espoir qui coïncide avec un changement à la direction de l’arrondissement», constate Frantz Élie, conseiller syndical travaillant sur le dossier.
En juillet dernier, Rachel Laperrière a ainsi pris sa retraite, après plus de sept ans à la direction de l’arrondissement, cédant sa place à Tonia Di Guglielmo. Des changements ont également été opérés au niveau des chefs de division et des contremaîtres.
Depuis, un «dialogue sincère» s’est instauré avec l’Arrondissement, estime M. Élie, qui évoque un changement de ton et une certaine volonté de faire avancer les choses. «Pour la première fois depuis l’existence des deux rapports, les travaux se font autour des recommandations de ces documents», explique-t-il.
«Dernièrement, on a senti un nouveau climat de travail plus serein, plus respectueux», affirme pour sa part la mairesse de l’arrondissement, Christine Black.
Depuis peu, au moins trois comités, dont un sur les rapports Saba et Soares et un autre sur la politique de «l’équité diversité inclusion», travaillent sur les recommandations. Par ailleurs, des formations en micro agression ont été données à tous les employés et l’arrondissement a adopté un nouveau code de conduite. Un programme de titularisation des cols bleus auxiliaire a aussi vu le jour.
«Tout n’est pas réglé, on va se le dire, concède Christine Black. Il reste beaucoup à faire. Il y avait un bris de confiance entre les parties et il fallait arriver à reconstruire cela.»
En ce sens, elle annonce le vote en conseil municipal, d’ici au mois de décembre, d’une nouvelle Politique en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, accompagnée d’un plan qui viserait à «s’assurer d’éliminer toute forme de racisme dans l’arrondissement».
«Une des raisons qui fait que pour moi ce sera une grande fierté c’est que on sera le deuxième arrondissement sur dix-neuf à avoir adopter cette politique qui fera en sorte d’éliminer toute forme de racisme», se réjouit Christine Black.
Réparation
«Je crois qu’on est très loin de là», estime quant à lui Fo Niémi. Pour lui, les comités qui examinent, discutent, évaluent les recommandations des deux rapports peuvent «prendre une autre année».
«Entre temps, on a entendu deux cas de discrimination, de traitements inégaux de cols bleus racisés qui continuent», dénonce le responsable du CRARR, sans autres précisions.
Le Syndicat est pour le principe de la réparation également et y travaille. «On ne tourne pas la page sans des gestes concrets aux individus qui ont été touchés par des façons de faire qui n’ont pas respecté leur intégrité», martèle Frantz Élie. Le principe de réparation est accepté aussi par l’Arrondissement, ajoute Christine Black.