Depuis avril, Christine Black est non seulement mairesse de Montréal-Nord, mais aussi maman de la petite Elizabeth. Trouver l’équilibre sera un défi pour l’élue encore en congé parental. Les élus municipaux ont toutefois plus d’aide qu’avant pour concilier politique et vie de famille.
«Un bébé c’est prenant, confie la mairesse qui briguera un autre mandat le 7 novembre. C’est sûr qu’avec les élections qui viennent, ça va être une période chargée. On va traverser ça 24 heures à fois.»
Depuis la naissance de sa fille, l’élue d’Ensemble Montréal s’occupe encore de certains dossiers, mais elle ne va plus aux séances du conseil d’arrondissement. Les conseillers Chantal Rossi et Abdelhaq Sari ont tour à tour pris le relais en attendant son retour à temps plein en poste, à la fin du mois.
«Il faut se faire confiance, avoir un réseau de soutien. J’ai des amis autour, mon conjoint est là. Ce sont de beaux moments qui font maintenant partie de ma réalité.»
Christine Black, mairesse de Montréal-Nord
Une place à prendre
Mme Black était directrice du Centre des jeunes l’Escale lorsque Denis Coderre l’a approchée pour devenir candidate dans son équipe en 2016. Elle avait 34 ans et la question de la famille se posait.
Le chef du parti l’a tout de suite rassurée: elle pourrait avoir des enfants sans problème.
C’est justement depuis 2016 que les élus municipaux peuvent prendre un congé parental de 18 semaines.
L’actuelle mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, est l’une de celles qui se sont mobilisées pour que ce se soit possible.
L’élue de Projet de Montréal a eu ses deux enfants en 2011 et 2014. À l’époque, un conseiller qui ne siégeait pas pendant plus de 90 jours consécutifs pouvait perdre son poste.
« Ma tâche était la même, c’est juste que j’avais un bébé naissant. Il n’y avait personne pour m’aider à répondre à mes courriels ou assister aux réunions à ma place », se souvient-elle.
Plus de soutien
«On a des conditions plus favorables qu’avant», souligne Mme Black, première femme mairesse dans l’arrondissement de Montréal-Nord.
Depuis janvier 2020, les élus de la Ville à Montréal peuvent avoir l’aide d’un employé administratif 25 heures par semaine pendant 22 semaines après l’arrivée d’un enfant.
Membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, Mme Thuillier a été l’instigatrice de cette mesure. «Avec le congé parental, les élus pouvaient partir, mais il n’y avait personne pour s’occuper de leurs affaires pendant leur absence», explique-t-elle.
Pour Christine Black, il s’agit d’une première pause en cinq ans et demi de vie politique. Une vraie pause? «Ça dépend de la personnalité de chacun, mais c’est sûr qu’être mairesse, c’est 365 jours par année, presque 24 heures sur 24», répond-elle en riant.
Baby boom
À Montréal, un petit baby-boom a fait suite à l’implantation du congé parental pour les élus municipaux.
Lors de la campagne électorale de 2017, trois candidates de Projet Montréal étaient enceintes: Marie-Josée Parent, Laurence Lavigne Lalonde et Sophie Mauzerolle. Les trois ont été élues.
Cathy Wong se lançait alors en politique avec l’Équipe Coderre. «Pour moi, la politique municipale c’était le lieu pour donner l’exemple», souligne la conseillère municipale dans Ville-Marie, désormais sous la bannière de Projet Montréal.
Responsable de la diversité et du racisme au comité exécutif, elle a accouché d’une petite fille il y a un an, en pleine pandémie.
«J’ai pu siéger en mode virtuel», souligne l’élue. Elle estime que la possibilité d’assister au conseil à distance est quelque chose à conserver pour faciliter la conciliation travail-famille.
Christine Black et Émilie Thuillier estiment aussi qu’un mode hybride facilitera les choses.
En tant que mairesses d’arrondissement, elles ont toutefois la chance de siéger plus près de la maison.