La Ville de Montréal prend trop de temps à agir dans un dossier d’allégations de discrimination raciale touchant des cols bleus de Montréal-Nord, dénonce le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).
«C’est extrêmement décevant de la part de la mairesse Plante qui a fait une déclaration pour dire qu’elle s’engage contre le racisme dans la fonction publique de la Ville, alors qu’il y a une situation qui perdure depuis des mois et qu’il n’y a rien qui bouge», déplore le directeur général du CRARR, Fo Niemi.
Le Syndicat des cols bleus, l’arrondissement de Montréal-Nord et la Ville de Montréal avaient déclenché en janvier une enquête commune pour faire la lumière sur des allégations de discrimination systémique. Plusieurs employés d’origine haïtienne avaient dénoncé qu’ils avaient plus de difficulté à obtenir une certification de compétences qui leur permettrait d’accéder à des postes mieux rémunérés.
L’OCPM avait cité ce cas dans son rapport sur le racisme systémique à la Ville de Montréal. Ce rapport avait poussé la Ville de Montréal à reconnaître le caractère systémique du racisme au sein de ses institutions.
Développements attendus
Le CRARR accuse la Ville et l’arrondissement «d’inaction» et «d’aveuglément volontaire». Il estime que les résultats de l’enquête ou ses développements devraient être rendus publics. Il déplore ne pas avoir eu de réponses à des questions en ce sens posées il y a plusieurs semaines.
«Quand on regarde la rapidité avec laquelle le contrôleur général ou la Ville agit dans les dossiers de harcèlement psychologique par rapport à Côte-des-Neiges ou à Villeray, ça bouge très vite. Mais dans les cas de racisme systémique dans l’emploi, ça ne bouge pas», souligne M. Niemi.
Montréal-Nord «réfute vigoureusement»
Questionnée par Métro quant aux développements de l’enquête, la Ville de Montréal a affirmé qu’elle ne pouvait pas commenter son enquête avant que celle-ci ne soit finalisée. Elle a toutefois fourni certaines informations quant à son développement.
«Le Contrôleur a remis en juin dernier, un document préliminaire à l’arrondissement de Montréal-Nord et à la direction des relations du travail. Il examine actuellement les questions spécifiques soulevées via la première phase des travaux, en collaboration avec un expert en diversité et de gouvernance», a expliqué la relationniste Gabrielle Fontaine-Giroux.
De son côté, l’arrondissement de Montréal-Nord «réfute vigoureusement» les accusations d’inaction et d’aveuglement volontaire portées par le CRARR.
«Au cours de la dernière année, nous avons fait beaucoup en matière d’équité et d’ouverture à la diversité, a affirmé la mairesse Christine Black, dans une déclaration écrite. Nous avons posé toute une série de gestes concrets, avec nos employés, pour améliorer le climat de travail et pour assurer que tous soient traités de façon juste et équitable, ajoute la mairesse qui soutient avoir reçu «des témoignages d’employés à l’effet que les relations de travail avec nos cols bleus se sont grandement améliorées.»
Le Syndicat des cols bleus de Montréal n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
En collaboration avec Naomie Gelper