Près de la moitié des organismes de Montréal-Nord observent un épuisement professionnel au sein de leur équipe, alors que le territoire a été frappé de plein fouet par la première vague de COVID-19.
C’est ce que révèle une récente publication de l’Incubateur universitaire de l’organisme Parole d’excluEs, qui a sondé 27 organismes du quartier pour comprendre les effets de la pandémie sur le réseau communautaire.
Plus précisément, ce sont 44% des organismes qui ont affirmé avoir des employés épuisés.
«Ça frappe. Il va falloir chercher des solutions à cela. C’est vraiment important», souligne la responsable de la recherche, Isabel Heck.
«Il y a un épuisement professionnel et psychologique intense et ça peut affecter la communauté elle-même si les travailleurs ne sont pas à leur plein potentiel», ajoute Moaad Boussekri de la Table de quartier de Montréal-Nord, qui a participé à la démarche.
Le problème d’épuisement professionnel au sein des organismes communautaires existait déjà avant la pandémie. En effet, un travailleur du milieu sur cinq affirme vivre de l’épuisement au travail, selon une étude de l’UQAM.
Adaptation des services
Autre constat résultant de la recherche sur Montréal-Nord: plusieurs organismes communautaires ont su adapter leurs services pour répondre à de nouveaux besoins de la population en contexte de pandémie.
Le deux tiers des organismes indiquent avoir développé de nouveaux services ou ont adapté des services existant, alors qu’autant d’organismes rapportent avoir cessé certains services.
«Ce dont on s’est rendu compte, c’est qu’ils ont fait un effort considérable pour rejoindre plus de personnes que d’habitude pour diversifier leurs services en fonction de la nature de la crise», note Isabel Heck.
Plus de la moitié affirme avoir élargi leur population cible. Un organisme sur cinq estime toutefois rejoindre moins de personnes qu’auparavant.
Selon Moaad Boussekri, une partie de l’explication réside dans l’insécurité alimentaire accentuée en raison de la pandémie.
«Un service qui faisait du dépannage, en contexte de COVID-19, ne va pas juste toucher la population sur le bien-être social ou autres [populations démunies], explique-t-il. Ça va aussi rejoindre les personnes âgées, des familles isolées.»
Sous-financement persistant
Malgré les nouveaux soutiens financiers que les gouvernements et les bailleurs de fonds ont injecté dans le milieu communautaire, les organismes de Montréal-Nord sont toujours affectés par un sous-financement structurel, rappelle M. Boussekri.
Une étude parue en 2019 avait d’ailleurs démontré ce problème en mettant en évidence les besoins importants de la communauté.
Prévenir la deuxième vague
Alors qu’une deuxième vague de COVID-19 pourrait frapper le Québec, cette recherche permettra de comprendre comment les organismes peuvent mieux répondre aux besoins de la population.
«On veut que les résultats servent à bonifier les actions présentes sur le territoire et à mieux identifier les enjeux en cours», mentionne M. Boussekri.
Un deuxième volet de la recherche, notamment axé sur les besoins matériels, sera publié au cours des prochains mois.