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Le féminisme de La Bolduc incarné par Debbie Lynch-White

Photo: Nicolas Ledain / TC Media

Formée au Cégep Marie-Victorin et résidente de Montréal-Nord, Debbie Lynch-White personnifie La Bolduc au cinéma à partir du 6 avril. Pour ce film biographique, elle s’est plongée dans la vie de la chanteuse populaire et dévoile ses souffrances, ses combats et son héritage féministe.

«Ça m’a marquée de voir l’importance qu’elle a eue dans nos vies, je n’étais pas au courant qu’elle était pionnière à ce point-là», avoue Debbie Lynch-White. Comme la plupart des Québécois, l’actrice ne connaissait La Bolduc que par ses grands succès et quelques souvenirs racontés par ses grands-parents. Pourtant, la célèbre chansonnière des années 20 et 30 a été bien plus qu’une simple vedette du divertissement. En entonnant avec humour les réalités de son époque, elle a contribué à mettre du baume au cœur des Québécois en pleine crise économique.

«Elle ne se proclamait pas révolutionnaire. Elle a écrit des chansons pour que ses enfants mangent, c‘était un besoin vital. Elle parlait de son quotidien, elle s’inspirait de sa vie et elle a redonné de l’espoir au peuple», poursuit Debbie Lynch-White.

Le film biographique de François Bouvier illustre tout ce quotidien méconnu de La Bolduc. Il retrace les premiers pas de Mary Travers, jeune femme originaire de Gaspésie venue travailler à Montréal, sa vie de femme au foyer après son mariage avec Édouard Bolduc, puis sa carrière artistique avec ses succès et enfin sa mort en 1941 des suites d’un cancer. Debbie Lynch-White dévoile aussi les souffrances de cette femme qui a connu treize grossesses, mais dont seulement quatre enfants ont survécu, ainsi que les tensions avec Édouard, lorsque la chanteuse eut l‘idée de monter sur scène pour subvenir aux besoins de sa famille.

Ce film fait également un lien fictionnel entre La Bolduc et Thérèse Casgrain – militante politique pour les droits des femmes – pour démontrer l’importance que cette vedette populaire a eue pour le mouvement d’émancipation féminine.

«Elle était dans l’action, elle faisait les choses, elle défonçait les portes. Je ne pense pas qu’elle se disait féministe et je ne pense pas que La Bolduc se soit rendu compte des répercussions de son vivant, mais elle avait une vie peu orthodoxe pour une femme de son époque», estime Debbie Lynch-White.

Cette dernière se sent aujourd’hui très attachée à ce personnage et dit ressentir un lien presque familial avec La Bolduc.

«Je l’aime beaucoup beaucoup. Si je la voyais aujourd’hui, je la prendrais longtemps dans mes bras. Je la sens pas très loin de moi, elle me fait beaucoup penser aux femmes de ma famille au Nouveau-Brunswick», explique l‘actrice.

L’apprentissage des turlutes
Afin de personnifier du mieux possible La Bolduc, Debbie Lynch-White a lu de nombreux documents sur sa vie. Elle a aussi visité le musée sur la chanteuse dans sa ville natale de Newport en Gaspésie et a rencontré sa fille Fernande. Pour la partie artistique, elle a appris le violon, l’harmonica et surtout les fameuses turlutes que la chanteuse improvisait.

«Ce qui m’a permis d’avoir accès à son énergie, à son franc-parler, à son humour et à son âme, ça a été sa musique. Je voyais quel bout de femme elle pouvait être juste par sa voix», précise Debbie Lynch-White.

Alors qu’elle prépare Elle était une fois, son premier spectacle musical prévu pour février 2019, l‘actrice assure qu’elle conservera ce lien fort avec son personnage.

«Les turlutes ne partiront jamais, c’est comme le vélo, plaisante-t-elle. Je ne dirai pas que je vais l’écouter tous les jours, mais ça me fera toujours chaud au cœur de réentendre sa musique».

Une vocation initiée à Montréal-Nord
Native d‘Ahuntsic, Debbie Lynch-White a fait une partie de sa formation au Cégep Marie-Victorin au sein du programme Arts, lettres et communication. C’est d’ailleurs dans cet établissement qu’elle a décidé de vivre de sa passion pour le théâtre et la musique.

«On a tous notre rôle à jouer et j’essaie de rester terre-à-terre. Le mien c’est d’être le clown, de divertir les gens. J’ai compris cela à Marie-Victorin et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de continuer dans les écoles de théâtre», se souvient Debbie Lynch-White.

Preuve de cet attachement à ce Cégep, elle avait convié Pierre Brodeur, son enseignant de théâtre à Marie-Victorin à la première de La Bolduc. De plus, l’actrice reste très proche de Montréal-Nord puisqu’elle a récemment acheté une maison dans l’arrondissement.

Le film La Bolduc sort dans tous les cinémas du Québec le 6 avril.

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