La concertation des organismes communautaires de Montréal-Nord à la suite de la vague de demandeurs d’asile cet été a porté ses fruits. L’organisme Impulsion-Travail pourra aider 50 de ces personnes à trouver du travail grâce à un financement de 83 090 $ du Bureau d’intégration des nouveaux arrivants de Montréal (BINAM).
«Comme ces gens n’ont pas de statut régularisé, ils ne sont pas admissibles aux services d’Emploi-Québec», souligne Christiane Guay, directrice chez Impulsion-Travail. Ces nouveaux arrivants se retrouvaient donc dans un trou de service.
«Il faut savoir que ces personnes souhaitent travailler, être autonomes, faire vivre leur famille, mais ils ont souvent besoin d’un coup de main pour franchir les différentes étapes menant à l’embauche», ajoute Mme Guay.
Le financement a été demandé avec la collaboration de l’arrondissement de Montréal-Nord pour répondre à ce besoin et en arriver à créer le Programme d’insertion en emploi pour demandeurs d’asile intitulé «Nouvelles racines».
D’une durée de cinq semaines, le tout prend la forme de rencontres en groupe de 10 personnes à la fois et de rencontres individuelles. Les personnes admissibles doivent avoir un statut de demandeur d’asile, avoir 30 ans et plus, parler français et posséder un permis de travail. Les résidents de Montréal-Nord sont priorisés.
Donner confiance
Outre les outils tels que l’écriture du curriculum vitae et les techniques d’entrevue, une planification individuelle est proposée. L’objectif est d’amener les personnes à reprendre du pouvoir sur leur vie et leur donner confiance, chose particulièrement importante si on veut convaincre un employeur de nous engager.
«Ces personnes n’ont jamais passé d’entrevue ici, ils ne connaissent pas les codes, la façon de se présenter, regarder les gens dans les yeux, etc.», explique Zineb Elalami, conseillère en emploi et responsable du programme.
On verra aussi à la valorisation de l’expérience. «Il y a des gens qui ont un parcours extraordinaire, mais qui ne savent pas le mettre en valeur», ajoute-t-elle.
«Il ne faut pas négliger le pouvoir du groupe, fait valoir Nicole Gladu, agente de développement chez Impulsion-travail. Il y a des échanges entre les personnes qui ont un peu le même parcours, il y a une appartenance qui s’installe, c’est une des forces de ce programme.»
Dans l’action plutôt que l’attente
Impulsion-travail offre de l’aide à la recherche d’emploi depuis 30 ans et possède une expertise avec la clientèle immigrante. «Environ 70% des personnes que l’on aide arrivent d’un autre pays. Ils sont ici parfois depuis quelque mois, un an ou même plus», souligne Mme Guay.
Le taux de réussite de l’organisme se situe entre 65 et 70%, basé au final sur une embauche de la personne, un retour sur les bancs d’école ou une nouvelle démarche. Dans le présent programme, on estime que l’objectif sera atteint à 50%, compte tenu de la situation particulière des demandeurs d’asile.
«Ces personnes vivent un grand choc et passent à travers un cheminement personnel, du deuil vers l’acceptation. Sans compter que les démarches pour régulariser le dossier d’immigration peuvent durer jusqu’à deux ans dans le système actuel. On ne peut pas dire à ces gens-là: débrouillez-vous. Ce programme leur offre donc la dignité à laquelle ils ont droit», soutient Mme Guay.
«Plutôt que d’être dans l’attente du résultat de leur statut à l’immigration, ces gens-là vont être dans l’action. Bien sûr, ils doivent être conscients qu’au bout, il est possible que leur dossier soit refusé, on ne va pas le nier. Au moins, ils auront amorcé leur démarche d’intégration», ajoute Mme Elalami.