Les résidents de Tétreaultville qui habitent le long de la rue Notre-Dame Est, entre la rue Saint-Donat et l’avenue Gonthier, sont désemparés face à l’état de la chaussée qui se dégrade considérablement depuis plusieurs années. Les maisons avoisinantes tremblent à chaque passage de camion et l’administration Plante demeure inactive malgré la situation, estiment-ils.
«Le bruit est infernal, c’est agressant. C’est une zone résidentielle, mais ça roule comme si c’était sur l’autoroute, explique Richard Dufort, qui réside depuis 30 ans aux abords de la rue Notre-Dame Est. C’est comme si tu avais un séisme presque tous les jours.»
Le sud de Tétreaultville repose sur un sol argileux, ce qui fait en sorte que de nombreuses maisons doivent être pieutées de part et d’autre. En raison de cela, les vibrations dues au camionnage incessant font vibrer les bâtisses. Ces dernières sont aussi marquées par de longues fissures sur leur façade, dont les frais de réparation, pouvant s’élever à plusieurs dizaines de milliers de dollars, doivent être assumés par les propriétaires.
Les résidents dénoncent une circulation de camions très importante, dont les va-et-vient s’intensifient entre 7h et 9h le matin. Olivier Blanchet est devenu propriétaire en 2007 d’un appartement au bord de la rue Notre-Dame Est. Depuis, il explique «ne plus avoir besoin d’un cadran», car sa vie est désormais rythmée par le passage des camions.
«Le matin, je m’assois et je prends mon café dans le salon à 7h, mais je n’en suis plus capable, car le camionnage dure jusqu’à 9h, explique un autre citoyen, Daniel Chartier, qui vit depuis 62 ans face à la rue Notre-Dame Est. Ma maison est pieutée devant et sur le côté, mais il y a quand même des fissures qui apparaissent.»
La rue est de pire en pire et ce n’est pas en mettant quelques correctifs avec une pelle que ça va changer.
Yoland Bergeron, résident de Tétreaultville
«Si c’était une voiture, ça ne serait pas un problème, mais un camion, c’est autre chose, dit Olivier Blanchet. Je ne peux même pas ouvrir mes fenêtres, car je ne peux pas entendre la télé si je les ouvre.»
Les citoyens pressent la Ville de Montréal d’intervenir afin que l’asphalte soit refait et que des mesures soient prises pour ralentir le camionnage. Ils estiment qu’une réduction de la vitesse des camions devrait être imposée ou que leur passage devrait être interdit sur cette portion de la rue.
«C’est en grande partie du transit et pas de la livraison locale, explique Yoland Bergeron, un résident du quartier. Les camions pourraient prendre ces axes routiers là plutôt que de passer ici.»
Des travaux, mais pas partout
La rue s’est vu refaire une beauté en 2017 sur sa partie ouest dans le secteur de Mercier-Est, mais les travaux se sont malheureusement arrêtés à la hauteur de la rue Saint-Donat.
Les dernières données d’auscultation disponibles datant de septembre 2020 et effectuées entre la rue Saint-Donat et l’avenue Gonthier révèlent un état de la chaussée «mauvais» à «très mauvais» selon les tronçons.
Sur les 20 tronçons que comporte cette portion, 15 seraient considérés comme étant en «très mauvais état» et les cinq autres «en mauvais état».
En juin dernier, le conseiller de ville du district de Tétreaultville, Julien Hénault-Ratelle, avait déposé une motion afin d’interdire le camionnage de transit sur la rue Notre-Dame à Mercier, entre l’autoroute 25 et l’avenue Georges-V. Celle-ci fut refusée.
L’élu d’Ensemble Montréal compte maintenant «revenir à la charge» en déposant une seconde motion lors du conseil d’arrondissement du 14 août. Cette motion proposera que l’arrondissement effectue des travaux de planage et de revêtement sur la rue Notre-Dame Est entre la rue Saint-Donat et l’avenue Gonthier.
Bien que l’axe soit une artère principale de la ville-centre, l’élu explique qu’un article permet de déléguer les travaux à l’arrondissement.
«Je demande à l’administration locale de Projet Montréal de prendre le taureau par les cornes et d’offrir à la Ville de Montréal de faire les travaux sur la rue, explique Julien Hénault-Ratelle. La rue est en très mauvais état depuis plusieurs décennies.»
Sous l’administration Coderre, un projet de restauration de la rue Notre-Dame en trois phases avait débuté. M. Hénault-Ratelle déplore que le projet de rénovation de Notre-Dame «traîne depuis plusieurs décennies» et dénonce une coupe budgétaire de près de 100 M$ dans la réfection des routes.
De son côté, le cabinet de la mairesse de la Ville de Montréal, Valérie Plante, se dit «favorable» à une réfection complète de la rue Notre-Dame. Cependant, cela représente un «énorme chantier», ce qui ne serait pas possible pendant les travaux du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.
«Nous sommes sensibles aux nuisances encourues par les riverains de la rue Notre-Dame Est dans ce secteur où circulent de nombreux camions et où la chaussée est vieillissante, explique le cabinet de la mairesse. La reconstruction de cette artère nous paraît nécessaire. Des travaux en profondeur s’avèrent toutefois nécessaires.»
Pourtant, depuis le début des travaux du tunnel, des travaux de planage et de revêtement ont eu lieu sur la rue Notre-Dame de l’autre côté du tunnel aux abords du poste de quartier 48 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).