Après 12 ans à la tête de L’Anonyme, Sylvie Boivin quitte l’organisme pour relever un nouveau défi comme directrice générale de Suicide Action Montréal.
Sylvie Boivin raconte qu’elle a été approchée par plusieurs organismes au cours des derniers mois, ces derniers n’étant pas épargnés par la pénurie de main-d’œuvre.
Interpellée par la mission «noble» de Suicide Action Montréal, elle souhaite y apporter une couleur différente et faire profiter de son expérience auprès des populations vulnérables.
J’ai envie de développer et de faire rayonner cette organisation.
Sylvie Boivin, directrice générale de L’Anonyme
Retour en arrière
Lorsqu’elle a accepté le poste de directrice générale de L’Anonyme, Sylvie Boivin ne faisait pas ses premières armes dans le milieu communautaire, habituée de travailler avec des personnes vulnérables.
«J’ai travaillé avec des femmes victimes de violence, des jeunes en troubles de comportement, en toxicomanie, en délinquance», énumère-t-elle.
Complètement en phase avec les valeurs de l’organisme, Sylvie Boivin a aussi été séduite par l’unité mobile en service de jour comme de nuit. «Ça m’accrochait énormément», dit-elle.
À l’époque, l’équipe de L’Anonyme se limitait à huit ou neuf personnes. L’organisme en emploie aujourd’hui plus de cinquante.
Le 3629
Parmi les projets qui ont été réalisés au cours de son mandat, on trouve la reconversion d’une piquerie en maison de chambres dans Hochelaga.
Avec le 3629, rue Sainte-Catherine, L’Anonyme a ajouté une nouvelle corde à son arc pour faire face à l’augmentation des surdoses et à la difficulté des gens à se loger.
«On voulait un endroit où il y aurait le moins de règles possible, pour héberger des gens qui ont de la difficulté à se loger, parce qu’ils ont des problèmes de santé mentale importants, qui ne payent pas leurs impôts, qui ne sont pas prêts à réintégrer le marché de l’emploi.»
Des facteurs qui font en sorte que ces personnes ne sont pas admissibles pour le logement social régulier.
Leur idée principale, c’était de faire quelque chose qui n’existait pas ailleurs, ce qui n’empêche pas le 3629 de venir combler un besoin grandissant dans la métropole.
Le parc de maisons de chambres à Montréal, non seulement il a diminué, parce que les gens les ont transformées, mais celles qui restent sont de plus en plus négligées et désuètes. Souvent, la maison de chambres est le dernier rempart avant la rue.
Sylvie Boivin, directrice générale de L’Anonyme
Campements sauvages
Grâce au programme Tandem, L’Anonyme soutient l’action citoyenne en sécurité urbaine aux abords des refuges pour itinérants, ainsi que des campements, tels que celui érigé le long de la rue Notre-Dame en 2020.
Tant et aussi longtemps qu’il y aura une pénurie de logements à Montréal, Sylvie Boivin croit que les campements sauvages devraient être tolérés. De plus, elle croit que les gros campements comme celui de Notre-Dame sont préférables et plus sécuritaires aux petits campements isolés, pour intervenir lorsqu’il y a des surdoses, des incendies ou des agressions.
Un campement sur Notre-Dame était, selon elle, la meilleure façon de rejoindre les personnes en situation d’itinérance et aussi de les aider à transiter vers d’autres solutions.
On doit assumer nos enjeux de logements. Ce sont des solutions temporaires qui ne sont peut-être pas idéales pour nous, mais qui sommes-nous pour définir ce qui est idéal pour l’autre?
Sylvie Boivin, directrice générale de L’Anonyme
Sylvie Boivin dit également avoir été impressionnée par la résilience de l’équipe de L’Anonyme pendant la pandémie, une période exigeante, mais «tellement gratifiante». «J’ai été très fière d’être la directrice de L’Anonyme pendant la pandémie», conclut-elle.