COVID-19 : un an d’entraide communautaire dans l’urgence
Il y a un an, le déferlement de la première vague de la COVID-19 a non seulement causée une crise sanitaire, elle a aussi provoqué une détresse sociale. Les organismes d’Hochelaga-Maisonneuve ont dû innover et se serrer les coudes pour répondre à la flambée des appels à l’aide. Aujourd’hui, ils estiment que la pandémie a démontré l’urgence de revoir de fond en comble la façon de financer et de déployer les missions d’entraide communautaire.
Dès les premières semaines de la pandémie, l’insécurité économique était manifeste. Entre le 13 mars et le 20 avril, les appels à l’aide logés au service de référencement communautaire 211 Grand Montréal ont bondi de près de 240%, propulsés notamment par les nombreuses fermetures de commerces et entreprises. Les demandes d’aide alimentaire étaient de loin les plus fréquentes.
Cette crise a eu un impact majeur sur les activités de La cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (La CHMM). Normalement, les citoyens venaient directement dans leurs locaux afin de préparer leurs repas, mais la pandémie a obligé l’organisme à se réinventer.
La CCHM s’est donc associée avec 20 organismes pour distribuer des repas directement à la porte des gens. En un an, 150 000 repas ont été livrés, un «triste record» selon le directeur général de l’organisme, Benoist De Peyrelongue.
Il souhaite en revanche maintenir ce réseau de distribution, puisqu’en cognant à la porte des gens, les intervenants peuvent évaluer les besoins de la population et détecter des problèmes, tels que la violence conjugale.
La directrice des services cliniques et opérations de CAP St-Barnabé, Michelle Patenaude, explique que la pandémie a permis de créer des alliances avec d’autres organismes communautaires, une situation bénéfique pour tout le monde, selon elle.
«La collaboration est plus fluide, on se consulte, on se pose des questions et on réfléchit ensemble pour des solutions vers l’avenir.»
CAP St-Barnabé prépare 400 repas par jour pour les personnes hébergées dans leur refuge sur l’avenue Bennett, ainsi que dans ceux de l’ancien YMCA Hochelaga-Maisonneuve et le Centre Pierre-Charbonneau, deux endroits cogérés avec CARE Montréal.
L’aide alimentaire a également pris une grande importance dans les activités de L’Anonyme, puisque les «métiers de rue», comme la quête et le squeegee, ont été durement affectés par la pandémie.
«Il y a beaucoup moins de personnes dans les rues et la monnaie se fait de plus en plus rare, raconte le directeur adjoint de l’organisme, Julien Montreuil. Notre véhicule mobile a été transformé en cantine pour pouvoir distribuer de la nourriture aux gens, ce qui ne faisait pas partie de notre mandat en tant que tel.»
Revoir le financement
Si les élus ont très vite répondu à la crise avec des fonds d’urgence, le directeur général de la CCHM, Benoist De Peyrelongue, souhaite que ce financement devienne récurrent. Il rappelle que les salaires des travailleurs du milieu communautaire ne suivent pas le coût de la vie et que ce retard doit être corrigé afin d’assurer une relève dans le domaine.
Même son de cloche du côté de M. Montreuil, qui demande qu’on mette en place des solutions qui seront viables sur plusieurs années.
«En ce moment, on est beaucoup dans une approche plaster. On ouvre des refuges, mais ça fait des années qu’on demande des logements adaptés.»
Mme Patenaude se désole également que les décideurs n’aient pas plus une vision à long terme. Elle donne l’exemple d’un projet de maison de chambres pour lequel le financement a été refusé.
«On a fait un dépôt pour un projet qui allait être pérennisé, une maison de chambres pour 35 personnes. Il a été refusé, car ce n’était pas un projet qui entrait dans les mesures d’urgence.»
Inquiète par ce refus, elle s’interroge sur l’avenir du communautaire.
«Pendant combien de temps va-t-on vivre sur des fonds de mesures d’urgence qui vont nous empêcher de créer des projets qui peuvent être pérennisés ?»