Obliger les Uber Eats, Door Dash et SkipTheDishes à réduire leurs frais de livraison n’aidera pas leurs concurrents québécois, martèle le fondateur de Restoloco, une entreprise née dans Hochelaga-Maisonneuve.
Le métier de restaurateur a été durement touché par la pandémie et plusieurs demandes ont été faites aux géants de la livraison par application pour qu’ils réduisent leurs frais s’élevant parfois à 30% du montant d’une commande.
Après la Ville de Montréal et l’Association des restaurateurs du Québec, c’est au tour d’un député du parti libéral du Québec, Monsef Derraji, de demander au gouvernement de légiférer sur le sujet. C’est une proposition que rejette le fondateur de Restoloco, Axel Lespérance.
«Surtout pas, parce qu’on va perdre un edge concurrentiel. Ça va devenir difficile de compétitionner sur les coûts.»
Il croit également que cette mesure sera temporaire, permettant aux géants de mieux pénétrer le marché avec une offre agressive dans les restaurants, même chez ceux qui hésitaient à faire affaire avec eux.
«Le problème est juste pelleté à plus tard, parce qu’une fois qu’un restaurant est embarqué sur Uber Eats, il devient captif. De toute façon, ces applications ont déjà commencé à baisser leurs frais et à proposer des 30 jours et des 60 jours sans frais. Elles savent que c’est sur le long terme qu’elles feront de l’argent.»
Selon lui, une fois qu’un restaurant a habitué sa clientèle à utiliser ces géants de la livraison, il est difficile de retourner en arrière. Même si les applications proposent actuellement des rabais, rien ne les empêchera d’augmenter leurs frais par la suite, croit M. Lespérance.
Modèle d’affaires
Issu du secteur de la technologie, M. Lespérance travaillait déjà avec le milieu de la restauration.
«J’étais vraiment aux premières loges pour voir l’impact que la pandémie a eu sur les restaurants et sur leurs finances. Et aussi pour comprendre l’effet pervers que ça avait pour les restaurants de devoir s’inscrire sur les applications de livraison comme Uber Eats et SkipTheDishes.»
Selon lui, ce genre d’application était un plan B pour les restaurants, surtout ceux qui n’offraient pas la livraison avant que celle-ci devienne leur principale source de revenus avec la pandémie.
«Ça prend une solution alternative et indépendante pour les restaurants et par les restaurants, explique M. Lespérance, et c’est ça Restoloco. On a mis cette technologie dans les mains des restaurants en leur disant qu’elle travaille maintenant pour vous.»
M. Lespérance explique que Restoloco donne les informations des clients aux restaurateurs, ce qu’aucune autre application de livraison ne fait selon lui.
«Quand un client commande à travers Restoloco, il fait affaire directement avec son restaurateur. Cela permet au restaurant de gérer la relation et de fidéliser son client.»
C’est en développant un écosystème avec des partenaires tels que la coopérative de covoiturage EVA et les courriers à vélo Les Chasseurs que Restoloco parvient à proposer des coûts de livraison très abordables, représentant une commission de 13 à 20% pour les restaurateurs et des frais de 2,95$ pour les clients.
En plus de pouvoir faire des commandes pour emporter et pour des livraisons, les clients pourront bientôt réserver une table avec l’application Restoloco, dès que les restaurants pourront rouvrir.
En plus de Montréal, l’application est déployée dans la Ville de Québec et celle de Saguenay. Restoloco sera également offert prochainement sur la Rive-Nord et la Rive-Sud.