Opération sac à dos: demande en hausse
Alors que de nombreuses familles connaissent la précarité pour la première fois, le Regroupement Partage prépare la plus importante «Opération sacs à dos» de son histoire, afin fournir du matériel scolaire gratuit à un maximum d’enfants montréalais, à l’approche de la rentrée scolaire.
Cette année, le Regroupement partage, qui coordonne l’opération, doit répondre à une précarité qui a pris de l’ampleur en raison de la pandémie.
«On se retrouve avec une population qui n’a jamais demandé de l’aide, qui ne pensait jamais être touchée par la pauvreté, soulève la directrice générale du Regroupement Partage, Sylvie Rochette. C’est un choc émotionnel.»
Le regroupement travaille à ce que 6 000 sacs à dos soient distribués à travers la métropole. À titre comparatif, il en avait fourni 4 700 à la rentrée scolaire de 2019.
D’une valeur de 150$, chaque sac contient des fournitures scolaires de base, une boîte à lunch, une bouteille d’eau, mais également un couvre-visage réutilisable, puisque celui-ci sera obligatoire à l’école à partir de la 5e année du primaire.
L’organisme a commandé pour 18 000$ de masques conçus à la main par une entreprise d’insertion sociale de femmes immigrantes.
Le Regroupement Partage fournira également pour deux à trois semaines de denrées par famille bénéficiaire.
Les organismes mobilisés
Bien qu’il ait pu augmenter le nombre de sacs à dos disponible, le Regroupement Partage pourrait ne pas réussir à aider toute la population dans le besoin.
«Dans certains quartiers, les demandes ont explosé de 300%, indique Mme Rochette. On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas», ajoute-t-elle, faisant appel à la générosité du public afin de soutenir l’opération via sa campagne de dons.
Dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve, la Table de quartier qui coordonne la distribution des sacs à dos en a reçu 400 de la part du Regroupement Partage. Mais, pour faire face à la forte demande, elle dû se tourner vers d’autres ressources.
«On a fait des appels aux dons et on est allé chercher des partenaires. De cette manière, on a réussi à rassembler une centaine de sacs supplémentaires», explique Cassandra Faulkner, chargée de projets en développement urbain à la Table de quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Cependant, cette hausse des besoins n’étonne pas tant que ça les organismes qui ont fait face à une explosion des demandes de denrées alimentaires depuis mars.
«Avant la pandémie, on soutenait environ 500 familles pour de l’aide alimentaire. Cette année, il y en a eu plus de 800», illustre Donald Boisvert, directeur général de La Corbeille à Bordeaux-Cartierville.
Certains organismes qui ne participent pas à l’opération sac à dos feront d’ailleurs un effort pour distribuer plus de denrées à l’approche de la rentrée scolaire. C’est notamment le cas du Centre de ressource et d’action communautaire de la Petite-Patrie qui distribuera de la nourriture et des cartes-cadeaux pour de l’épicerie aux familles et étudiants du quartier.
Pas de «magasins partage»
Cette année le Regroupement Partage a dû préparer des milliers de sacs à dos à l’avance, grâce à l’aide de bénévoles. Normalement, les familles dans le besoin venaient chercher les effets dans ses «magasins partage».
Ces derniers sont impossibles à organiser tout en respectant la distanciation physique. Ainsi, les familles iront chercher les sacs à dos dans les organismes partenaires assignés à leur quartier.
Pour les organismes, c’est tout un défi logistique. Alors que certains distribueront les sacs à dos en même temps que les denrées alimentaires, d’autres se préparent à accueillir les familles à l’extérieur pour une distribution sécuritaire.
«On voit que la demande est là, mentionne Brunilda Reyes, directrice des Fourchettes de l’Espoir, l’organisme en soutien pour Montréal-Nord. Ça va être très spécial cette année», ajoute-t-elle, alors que le double de sacs à dos sera distribué dans l’arrondissement par rapport à l’an dernier.