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L'art pour combattre les « tags »

Face aux graffitis qui s’accumulent sur les murs et aux fissures déformant la chaussée de la ruelle entre les rues Sainte-Famille et Jeanne-Mance, des riverains ont décidé de contre-attaquer à l’aide de l’art.

Le projet a d’abord émané du comité pour l’organisation de la Fête des voisins. C’est là que deux murales ont été peintes sur des édifices, cette année.

« On a fait appel à un graffiteur du quartier. Nous n’avions pas les moyens de lui donner un cachet, mais les riverains de la ruelle ont couvert les frais reliés au matériel. Il était bien content et nous aussi », explique le résident du secteur et membre du comité de la Fête des voisins, Jean-Claude Mousteli.

Depuis, M. Mousteli, professeur d’arts plastiques à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), a décidé de s’inspirer des fissures dans la chaussée, comme on regarde les nuages et y imagine des formes, pour embellir la ruelle de peintures au courant de l’été.

« J’invite les autres riverains à participer. Jusqu’ici, nous avons environ huit autres propriétaires ayant peint. Plusieurs le font avec leurs enfants. C’est super de voir les gens s’arrêter pendant qu’on dessine. Je me fais souvent demander ce que je fais aujourd’hui. Des fois, je ne le sais pas, alors les gens me disent ce que les fissures leur inspirent », raconte M. Mousteli.

Membre du comité organisateur de la Fête des voisins, Charles Primeau, a lui aussi participé en dessinant le mont Fudjihama à l’aide des fissures.

« Je ne suis vraiment pas un artiste. J’ai fait cet effort pour contribuer au projet. Nous allons aussi tenter de recouvrir tous les murs de murales afin de combattre les très nombreux graffitis », indique M. Primeau.

Les riverains déposeront au conseil d’arrondissement un projet de verdissement de la ruelle. Ils ont déjà obtenu une aide financière pour des bacs à fleurs, mais espèrent aller plus loin.

« On veut que les gens investissent la ruelle, que ça devienne une grande cour arrière pour tout le monde. Si les graffitis étaient des œuvres d’art comme les fresques qui trônent actuellement, nous serions contents. Malheureusement, ce sont des tags qui sont peints. C’est vraiment irritant. Alors ultimement, on voudrait que tous les murs soient recouverts d’œuvres pour endiguer ce fléau », continue M. Mousteli.

Un exemple de prise en charge citoyenne

Du côté de l’arrondissement, les élus sont bien au fait du dossier et mentionne que la ruelle figurera parmi celles à verdir en 2015.

« Nous sommes déjà bien au courant. C’est formidable le projet de ces citoyens engagés. Il est unique dans l’arrondissement. En s’appropriant les lieux, cela a tendance à repousser les tagueurs ailleurs », souligne la conseillère d’arrondissement du district Jeanne-Mance, Christine Gosselin.

Parmi les initiatives mises de l’avant par l’arrondissement figure la plantation au pied des édifices problématiques. Celle-ci serait la plus efficace du lot, puisque la verdure empêche la réalisation de nouveaux graffitis. Les citoyens sont encouragés à signaler aux policiers l’apparition de nouveaux tags, puisque le coût des amendes a été augmenté à 1000 $ et le poste de quartier 38 a été sensibilisé à la situation.

« On a aussi mis en place le programme Muralité. Cependant, les propriétaires doivent défrayer 10 % du coût. Ça avoisine les 7000 $ pour une grande murale. Cette année, nous en avons fait quatre. Des projets comme celui de la ruelle Sainte-Famille-Jeanne-Mance, c’est génial et nous encourageons ce genre de prise en charge citoyenne », indique Mme Gosselin.

Un fléau à travers l’arrondissement

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal figure parmi les plus affectés de Montréal par la problématique des graffitis. La zone au sud de l’avenue du Mont-Royal serait particulièrement touchée.

« La rue Saint-Dominique est de loin la pire de tout le quartier. C’est en quelque sorte la ruelle de Saint-Laurent. Même si on passait plusieurs fois par semaine, il y aurait probablement autant de tags », indique l’agente de protection de l’environnement du Plateau-Mont-Royal, Isabelle Winter.

Selon elle, des tagueurs de partout à Montréal et même du reste du Canada sévissent dans le secteur. C’est aussi ce que soutient le SPVM, qui mentionne que la prévention est donc difficile.

« C’est certain qu’un graffiti à Terrebonne n’aura pas autant de visibilité qu’ici. J’imagine que ça joue. Ultimement, on n’est pas contre l’art urbain, bien au contraire. Lorsque ce sont des œuvres, à moins que le propriétaire tienne à ce qu’on les efface, on les laisse en place. Par contre, les tags, c’est un vrai fléau. Il y a dix ans, il n’y avait pas de vandalisme sur les murales. Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Parfois, il y en a des tonnes sur une superbe fresque. C’est désolant », indique Mme Winter.

Ultimement, pour enrayer la problématique, les murs devraient être nettoyés régulièrement. Faute de moyens, l’arrondissement se concentre sur certains secteurs et priorise le nettoyage de messages haineux.

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