Des policiers rendent visite aux aînés pour briser l’isolement
«Visiter une personne aînée», une initiative mise en place par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec la Direction régionale de la santé publique de Montréal, vise à créer «une bouée de sauvetage» pour des aînés vulnérables. Pendant un mois, des intervenants de milieu se sont associés à des policiers pour informer la population de l’aide à leur disposition.
Pour faire face à ces défis, le Centre du Vieux Moulin de LaSalle a lancé il y a trois ans une opération pour venir en aide aux seniors vulnérables, en s’associant à l’initiative du SPVM. «Notre but est d’améliorer la qualité de vie des personnes de 50 ans et plus, en leur expliquant les ressources disponibles pour elles», déclare Yann Panneton, intervenant de milieu au Centre.
La pandémie a eu des effets dévastateurs sur notre population aînée. On note une accélération des pertes cognitives, une baisse de la condition physique, une perte d’autonomie.
Marick Bertrand, coordonnatrice régionale en matière de lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées à la Direction régionale de santé publique.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le partenariat avec le SPVM. Les policiers, présents sur le terrain, signalent des situations aux organismes communautaires, lorsqu’ils sont en mesure d’agir. Ces derniers signalent à leur tour des enjeux judiciaires lorsqu’ils se présentent, et les agents de la police peuvent prendre le relais.
En incluant les membres du SPVM, ce sont près de 330 personnes, dont 170 intervenants du communautaire qui ont effectué 115 opérations de porte-à-porte sur ce dernier mois. «L’identification des zones à prioriser lors des opérations se fonde sur différents paramètres précis (dont les îlots de chaleur) correspondant aux facteurs de risque et de vulnérabilité de la clientèle ciblée», explique le SPVM dans un communiqué.
Un numéro d’urgence pour les personnes âgées
M. Panneton détaille les deux formes de maltraitance: la violence et la négligence. La maltraitance peut être psychologique, matérielle, financière et peut également prendre la forme de violation des droits. Métro a identifié pour vous les indices qui pourraient permettre de déceler si une personne aînée dans votre entourage est victime d’abus.
À LaSalle, l’effort collectif du Centre du Vieux Moulin et du SPVM se traduit par des visites aux personnes âgées les plus isolées pour offrir leur aide et identifier les signes de maltraitance. Selon le SPVM, en 2022, plus de 4800 personnes ont été rencontrées, dont 3000 avaient plus de 65 ans** sur l’ensemble de l’île de Montréal.
Face à la suspicion de maltraitance, Marick Bertrand encourage la population à signaler ces situations. «On ne doit pas hésiter à appeler la ligne d’abus*. Les intervenants peuvent par exemple donner des pistes de solutions et proposer des ressources adaptées à chaque situation.»
Ces interventions sont de plus en plus nécessaires à la lumière de la pandémie qui a exacerbé le phénomène de l’isolement des personnes âgées, un problème déjà présent avant la crise. La pénurie de logements à Montréal, le besoin croissant d’aide à domicile et les enjeux de santé mentale contribuent également à ces défis, selon Yann Panneton.
«C’est toujours un soulagement quand on peut venir en aide à une personne en détresse», souligne M. Panneton. «Mais la réalité est que beaucoup d’aînés souffrent en silence, seuls chez eux. Et cela, nous devons le changer.»
*La ligne abus aînés est service anonyme, confidentiel, bilingue et gratuit de 8 h à 20 h, 7 jours sur 7 (1) 888 489-ABUS (2287).
**Une version précédente de cet article faisait par erreur mention d’arrestations de la Direction de la protection de la jeunesse, en lien avec un autre sujet.