Problèmes généralisés dans les logements montréalais, selon un rapport
Le rapport Le logement en décrépitude du groupe d’action ACORN, un organisme national représentant les personnes à faible et moyen revenu, révèle que 95 % des locataires ont au moins un problème d’entretien ou de manque de réparations dans leur immeuble.
Selon le sondage mené auprès de 121 personnes, 60 % des locataires ont eu au moins un problème récent d’infestation de toutes sortes.
De plus, 32 % d’entre eux ne connaissent pas le service téléphonique 311 et 29% ne pensent pas que c’est nécessaire d’appeler.
«Des propriétaires sont récalcitrants, ils ne font pas l’entretien parce qu’ils savent que ça prendrait des mois avant de se rendre au Tribunal administratif du logement», analyse l’un des porte-paroles d’ACORN et président de la section laSalloise, Theodros Wolde.
Toutefois, le porte-parole ne blâme pas que les propriétaires et estime que la Ville de Montréal doit en faire plus pour contrer le fléau en appliquant plus concrètement ses règlements.
Lui-même habite au 8550, rue Jean-Brillon à LaSalle, où une action a été menée la semaine dernière, en marge du dépôt du rapport. Il affirme que peu a été fait depuis son arrivée en 2013 et qu’il doit vivre avec des souris, des coquerelles et des punaises de lit.
«Les résultats ne sont pas surprenants. Les manifestations et la couverture médiatique font avancer temporairement les choses, mais les problèmes reviennent toujours», conclut-il.
M. Wolde ajoute que les gens qui se sentent lésés doivent dénoncer la situation à leurs propriétaires ou aux autorités.
Afin de remédier à ce problème, ACORN propose la création d’un certificat de conformité annuel pour les immeubles à logement, à commencer par les multiplex. L’organisme demande aussi que des inspecteurs puissent visiter les logements chaque année et que les résultats soient facilement accessibles.
«Dans une métropole comme Montréal, comment peut-on vivre avec des infestations?»
Theodros Wolde, porte-parole d’ACORN
Le syndicat de locataires demande aussi que les amendes soient majorées pour inciter les propriétaires à effectuer une meilleure maintenance de leurs bâtiments.
Il demande également que davantage de pouvoirs d’interventions soient délégués aux arrondissements.
Témoignage
Une autre résidente du 8550, rue Jean-Brillon, Claudia Priso, confie que la situation est si intenable dans son appartement qu’elle doit déménager.
«Dès ma première nuit, j’étais couverte de boutons. En arrivant à la pharmacie, ils m’ont dit que c’était les punaises de lit. C’est comme ça que mon calvaire a commencé», raconte-t-elle.
Rapidement, les coquerelles et les souris se sont ajoutées.
En plus des infestations, Mme Priso affirme que les réparations de base ne sont pas effectuées comme la cuisinière ou un robinet qui ne fonctionne pas comme il faut. C’est la même chose pour la hotte de la cuisinière et des fenêtres qui ne s’ouvrent pas, sans compter qu’il n’y a pas de moustiquaires.
«À un moment donné, j’ai dit à mon mari: “On ne peut pas vivre comme ça. On n’est pas des animaux”. Ça nous prend un minimum. Les souris montent sur toi, elles rongent même les vêtements», peste-t-elle.
Elle ajoute que des exterminateurs sont passés quelques fois, mais le problème n’a jamais vraiment été réglé.
Exaspérée, elle déménagera dès la fin des classes de ses enfants à Saint-Lambert.
La Camerounaise d’origine s’étonne d’ailleurs de la piètre condition des logements dans une métropole canadienne comme Montréal et demande aux propriétaires d’être plus humains.
121
Nombre de répondants au sondage lancé par ACORN Montréal sur les problèmes dans les logements de la métropole.