De nombreuses personnes se sont présentées dans les épiceries laSalloises vendredi matin en quête de denrées et de produits hygiéniques en raison de la pandémie du COVID-19. Bien que la situation soit différente dans chacun des endroits que Le Messager LaSalle a visités, toutes les personnes rencontrées s’entendent pour dire qu’il faut rester prudent, sans céder à la panique.
Fabiola Sospirato qui a effectué quelques emplettes à la Fruiterie Dollard, trouve que «les gens deviennent fous».
«Ils surréagissent. Nous devons continuer de vivre de façon normale tout en faisant attention et laver nos mains», dit-elle, saluant d’ailleurs la fermeture des écoles pour les deux prochaines semaines afin de tenter d’arrêter la propagation du coronavirus.
Le directeur du magasin, Tasso Pantazopoulos, dit avoir remarqué une certaine hausse de son achalandage, mais ses étalages sont encore bien remplis. Il ne vend pas de produits d’hygiène personnelle, comme le papier de toilette.
«Nous suivrons la situation, mais nous avons beaucoup de produits et des livraisons sont en route. Il n’y aura pas de pénuries. Tout va bien. Nos fournisseurs nous disent qu’on ne manquera de rien. Tout devrait continuer normalement», précise l’épicier.
Selon lui, les gens surréagissent, car ils sont dans l’incertitude. Il dit comprendre leur sentiment. Pour sa part, il oblige tous ses employés malades ou ceux qui ont récemment voyagé à l’étranger à rester chez eux.
Grandes surfaces
La situation est un peu plus tendue du côté des grands supermarchés.
«C’est pas mal la folie. On dirait que c’est la fin du monde», affirme l’assistant-gérant du Métro Plus Dollard, Paolo Clouno.
Déjà, il ne restait plus un seul emballage de papier de toilette dans tout le magasin vendredi en fin de matinée. Les produits nettoyants, les boîtes de conserve et l’eau étaient également très prisés.
«Au début, c’était seulement certains produits, mais les autres choses se vident plus vite que d’habitude». Tout de même, il ajoute que les commandes ont été ajustées en conséquence.
Au Maxi de la Place Newman, encore plus d’étalages étaient vides lors de notre passage.
Le stationnement était très rempli et les files d’attente pour les caisses s’étendaient jusqu’au bout de l’épicerie.
Malgré tout, le client Richard Grondin affirme que «tout s’est bien passé». Même si ça a pris le double du temps comparé à d’habitude. Les gens n’étaient pas impatients», dit-il.
M. Grondin a seulement acheté davantage de pains que les autres semaines. «Si j’en manque, je vais aller chez le voisin», plaisante-t-il.
Aucune pénurie
Vendredi midi, François Legault a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait «aucune pénurie de nourriture au Québec» et que les livraisons de denrées se poursuivront normalement à travers la province.
Le Conseil canadien du commerce de détail abonde dans le même sens. «Les chaines ont commandé en fonction d’un achalandage normal, ce qui explique les tablettes vides. Elles seront remplies bientôt», assure le directeur des relations gouvernementales, Jean-François Belleau.
Des comportements de consommation normaux doivent être maintenus. «On comprend que les gens veulent faire des réserves, mais il ne faut pas oublier que les quarantaines sont d’un maximum de 14 jours. On demande aux clients de différer leurs heures de visite des épiceries», mentionne-t-il.
Angoisse
Le fait que le coronavirus soit imperceptible peut expliquer le vent de panique qui pousse les gens vers les magasins d’alimentation, selon le psychologue Pierre Faubert.
«Le verglas était visible alors qu’un virus, c’est sournois et invisible. Cela contribue à l’augmentation du sentiment d’angoisse chez les gens», mentionne-t-il.
M. Faubert déplore ce phénomène. «Ce n’est pas comme s’il y avait un missile nucléaire qui allait nous tomber sur la tête, indique-t-il. Les gens s’attendent à vivre isolés et par instinct de survie, ils vont s’acheter de la nourriture et papier de toilette. Cela répond à un besoin fondamental de se sentir en sécurité.»
Le psychologue recommande de prendre une pause pour retrouver ses repères. «Il faut prendre conscience que parfois comme être humain, on se comporte comme des moutons. Il faut prendre du recul», suggère Pierre Faubert.
Avec la collaboration d’Annie Bourque et Éric Martel