Le Groupe Mackay, une agence immobilière Lachinoise, est sur le point de finaliser sa première transaction de propriété impliquant de la cryptomonnaie. Et, ça sera peut-être une première pour le Québec aussi – du moins, c’est ce que croit son directeur général, François Mackay, puisqu’il n’en a pas entendu parler ici.
M. Mackay a l’œil sur la cryptomonnaie depuis longtemps : «Depuis un bout de temps, je me questionnais sur le fait d’accepter la crypto [en immobilier].»
Pourquoi la «crypto»?
«C’est un sujet chaud», lance M. Mackay en entrevue, pour expliquer son intérêt pour cette devise. «Beaucoup de personnes parlent d’investir en crypto.» De fait, il s’est récemment rendu à une conférence à Miami au sujet de l’utilisation de cette monnaie dans le secteur de l’immobilier.
En effet, ceux qui ont investi en cryptomonnaie il y a une dizaine d’années ont vu leurs actifs gonfler. Selon le Lachinois, un achat de 5000 $ en bitcoins aux débuts de cette monnaie pourrait désormais valoir 200 000 $. Le problème: transformer la monnaie décentralisée en devise locale.
«Ça ne se change pas nécessairement au dépanneur», ajoute M. Mackay, pour illustrer la difficulté qu’éprouvent ces personnes à retirer leurs gains en cryptomonnaie. Ainsi, il souhaite leur offrir la possibilité de concrétiser cette somme en la plaçant dans l’immobilier. Cependant, ni son agence ni le notaire ne verront les transactions effectuées en cryptomonnaie.
Quand «anonymat» rime avec «risque»
«Il y a toujours des risques [à la cryptomonnaie], bien que ce soit crypté», explique le professeur au département de finance de l’UQAM Alexandre F. Roch. Le plus grand risque pour l’entreprise, poursuit l’expert en cryptomonnaie et en bulles spéculatives, c’est sa réputation.
Effectivement, la nature anonyme de ce type de transaction la rend attrayante pour le crime organisé. «Des clients qui veulent faire des achats immobiliers en cryptomonnaie, ça fait tout de suite penser à des personnes qui voudraient faire du blanchissement d’argent», soutient M. Roch.
C’est pourquoi des entreprises comme le Groupe Mackay font appel à de tierces parties pour authentifier la légitimité des sommes cryptées. En partenariat avec Dello, une plateforme permettant l’échange de cryptomonnaie en devise locale, plusieurs étapes de vérification sont réalisées. Celles-ci sont surveillées par le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada, qui travaille à limiter la fraude dans ce type de transaction.
En ce sens, le Groupe Mackay devient un «facilitateur» de l’achat de propriétés à partir de cryptomonnaie.
L’influence de la cryptomonnaie sur l’immobilier
L’action de concrétiser ses bitcoins en achetant des propriétés rappelle les investissements internationaux en immobilier canadien pour stabiliser une fortune. M. Mackay soutient qu’il est possible de faire un parallèle entre les deux types de transactions, mais que dans les deux cas, celles-ci ne contribuent pas à l’inflammation du prix des maisons. Du haut de ses 25 ans d’expérience en immobilier, il affirme que l’investissement étranger comprend une part «négligeable» du marché, et qu’habituellement, ces acheteurs ont l’intention de s’installer dans leur nouvelle propriété.
M. Roch est d’accord: il ne croit pas que la clientèle issue des bitcoins constituera une grande part du marché. «À mon avis, ça va rester une activité très marginale. Ce n’est pas facile pour une agence immobilière d’accepter des transactions en cryptomonnaie.»
Crypto quoi?
Il existe plusieurs types de cryptomonnaie : bitcoin, ethereum, et même dogecoin. Né en 2008, le Bitcoin est la première devise électronique décentralisée, c’est-à-dire qu’elle n’est pas associée à une banque centrale ou à un seul administrateur. Plutôt, une technologie de base de données sécurisée appelée la blockchain vérifie et enregistre chaque transaction.