À la suite de la décision de la Cour d’appel de janvier 2021, la Ville de Montréal devait mettre fin à tout déversement dans le ruisseau Meadowbrook et à sa pollution. Afin de répondre à cette ordonnance, la métropole a choisi de canaliser le réseau d’eau pluviale qui alimente le cours d’eau.
Montréal réalisera ces travaux de canalisation qui comprennent notamment la construction d’une digue ainsi que l’installation d’égouts sanitaires et pluviaux jusqu’à l’été 2022. Le coût des travaux s’élève à plus de 1,5 M$. Cette décision a été consolidée par le conseil d’agglomération, le 26 août.
Le ruisseau Meadowbrook est un tronçon d’environ 200 mètres qui dessert le bassin de drainage Saint-Pierre, qui couvre une importante portion du Sud-Ouest de Montréal. L’eau qui l’alimente provient principalement des égouts pluviaux des villes de Côte-Saint-Luc et de Montréal-Ouest.
La contamination et la pollution du cours d’eau, qui proviennent de raccordements inversés illégaux sur le territoire de ces municipalités, sont à la source de cette saga judiciaire. La Ville ne compte pas poursuivre en justice les deux autres municipalités en cause et souhaite plutôt collaborer afin d’éliminer ces raccordements illégaux, selon des explications fournies à Métro par courriel.
Assèchement du ruisseau
Malgré le fait que la Ville soutient que la canalisation du réseau d’eau pluviale permettra de décontaminer le cours d’eau et d’ainsi réduire le nombre de contaminants présents dans le bassin de drainage Saint-Pierre, toujours selon des explications fournies à Métro par courriel, plusieurs s’inquiètent du risque d’assèchement.
«Il est clair que cette portion du ruisseau va être asséchée.»
Alain Saladzius, cofondateur et président du conseil d’administration de la Fondation Rivières
La seule véritable solution au problème de pollution du réseau aurait été de corriger les raccordements inversés au moment opportun, estime M. Saladzius, qui a plus de 35 ans d’expérience dans le domaine du traitement des eaux.
«Ce qui est scandaleux est que le ministère de l’Environnement n’ait pas obligé les villes à faire ces corrections plus tôt. Son absence est inacceptable dans ce dossier», exprime M. Saladzius.
La majorité de l’eau qui alimente le ruisseau va se retrouver dans une canalisation souterraine, explique le responsable du volet Développement urbain durable chez Conseil régional de l’environnement de Montréal, Charles Bergeron. «Concrètement, à la surface, on va voir un lit de ruisseau asséché la plupart du temps», poursuit M. Bergeron.
Il estime tout de même que l’ordonnance de la Cour d’appel force la Ville à agir rapidement et n’offre que peu de solutions de rechange au problème de pollution.
L’achat du terrain sur lequel est situé le ruisseau Meadowbrook au Groupe Pacifique, qui est propriétaire du Golf Meadowbrook, n’était pas une option viable en raison des coûts élevés, selon la directrice du Service de l’eau de Montréal, Chantal Morissette, lors d’une présentation adressée aux citoyens sur les travaux de canalisation, le 17 août.