Reconnu pour les drames qui ont coûté la vie à près de 50 de ses patients, le CHSLD Herron fermera ses portes dans quelques mois. Les résidents seront relocalisés vers «de nouveaux milieux de vie sur son territoire», indique le CIUSSS de l’Ouest-de-l’île de Montréal.
Cette décision a été prise par les exploitants de CHSLD privé, le Groupe Katasa. Le déménagement des patients s’effectuera de manière progressive, au cours des 6 à 12 prochains mois. Entre-temps, l’équipe du CIUSSS assurera l’offre de soins.
Afin de planifier les transferts, des rencontres entre le centre de santé et les familles seront organisées au cours des prochaines semaines.
Aux yeux du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, la fermeture de l’établissement était «la seule décision à prendre». L’élu de La Prairie souhaite désormais assurer une «transition correcte» pour les résidents qui restent.
Quant à l’intention de faire transiter des CHSLD privés vers le milieu conventionné, elle existe toujours, a soutenu le ministre.
Mise en lumière en avril, la tragédie qui s’est déroulée à Herron avait poussé le premier ministre du Québec à indiquer qu’il envisageait la «nationalisation» des CHSLD qui ne sont pas publics. Après réflexion, Québec a plutôt décidé de modifier le statut de certains centres non conventionnés.
«Aucun encadrement n’empêchera le Herron de fermer. La seule façon de protéger les milliers d’aînés qui vivent actuellement dans les CHSLD privés, c’est de les ramener immédiatement dans le giron public», a commenté le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
Enquêtes
Il manquait près de la moitié des employés nécessaires au CHSLD Herron pour offrir des services «adéquats» à ses résidents, concluait-on dans un rapport d’enquête gouvernemental rendu public à la fin du mois de septembre.
Trois embauches auraient été faites dans l’établissement au cours de la dernière année, alors que 22 employés avaient démissionné. Le faible ratio d’infirmières en poste à l’égard du nombre de résidents crée «des conditions de pratique exigeantes», constatait l’enquêteur, Sylvain Gagnon.
«La période de trois ans que nous avons étudiée et qui a précédé l’éclosion de la COVID-19 suggère, en effet, que les autorités du CHSLD Herron ne sont jamais parvenues à installer une équipe de travail stable, bien formée et suffisante», soulignait-il.
Si l’établissement a été affecté par le manque d’équipement de protection individuelle, des problèmes organisationnels récurrents ont aussi été relevés. L’encadrement clinique et le manque de protocoles sont notamment pointés du doigt.
L’administration de Herron a été «incapable d’installer une offre de services continue, stable et de qualité», critiquait M. Gagnon.
Au début de la pandémie, en avril, 31 résidents du CHSLD Herron sont décédés en un mois. Plusieurs étaient déshydratés, souillés de leurs excréments, alors qu’une odeur nauséabonde d’un mélange urine-selles flottait dans les chambres.
«Lors des changements de culottes d’incontinence, certains résidents avaient la peau brûlée et l’hygiène des parties génitales n’avait pas été faite adéquatement. Il en est de même des pieds, des ongles et des yeux», remarquait M. Gagnon.
Une enquête policière est toujours en cours.
Avec la collaboration de François Carabin