Trottoirs surélevés, rues fermées sans autorisation et travaux réalisés hors des délais: le promoteur Développement Lachine-Est (DLE) ne cesse d’enfreindre des règles depuis quelques semaines dans le développement du quartier VillaNova. Un comité de citoyens a été constitué par l’arrondissement pour signaler les écarts de conduite du constructeur.
À la fin juillet, un résident du quartier a constaté que des travaux de construction de trottoirs sur les rues Jenkins et Skaniatarati avaient commencé avant leur début prévu par l’arrondissement. Ils étaient alors hors de la surveillance des travaux publics, qui s’assurent normalement que les constructions sont conformes aux plans.
«Les trottoirs étaient 40 cm au-dessus du seuil des portes. J’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème», explique celui qui représente le voisinage, Raphaël Proulx-Gamache, ingénieur civil de formation.
Alertée de la situation, Lachine a envoyé deux inspecteurs sur les lieux. S’en est suivi la visite de l’Escouade mobilité, l’unité de la Ville de Montréal qui contre les entraves dans les chantiers. Le promoteur a reçu des contraventions parce qu’il avait omis de sécuriser les lieux, en plus d’avoir travaillé sans permis
Près de deux semaines plus tard, DLE a tenté de redémarrer la construction des trottoirs, avant d’être à nouveau intercepté par la Ville.
La rue Jenkins a également été fermée sans l’approbation de l’arrondissement, alors que les automobilistes étaient invités à emprunter une route improvisée, en terre inégale. «Imaginez si les pompiers avaient besoin d’accéder au terrain. On ne peut fermer une rue comme ça sans préavis avec des cônes comme cela», réagit M. Proulx-Gamache.
Plans non conformes
Le promoteur a commencé la construction de l’entrée des garages. Il était près d’un demi-mètre au-dessus de la hauteur des trottoirs, ce qui était non conforme aux plans. Les travaux ont été arrêtés après un signalement citoyen.
Au surplus, DLE présenterait des plans erronés à des acheteurs potentiels, leur proposant de futures maisons qui seraient construites à l’est de l’avenue Jenkins, près de l’usine du manufacturier Bain Maax. Pourtant, le zonage de cette parcelle de terrain est industriel, interdisant toute construction résidentielle.
Le projet Villanova est situé dans une zone industrielle. À une centaine de mètres au nord, on y trouve l’usine de galvanisation d’acier de Corbec, qui poursuit ses activités la nuit, causant du bruit.
La construction d’un mur anti-son est prévue dans le développement du projet, mais il est encore inexistant. «Je parle aux autres résidents et je réalise qu’on est plusieurs à être affectés par le bruit, sans parler de la poussière et des résidus qui traînent dans nos rues», se désole M. Proulx-Gamache.
Surveillance constante
La mairesse Maja Vodanovic se dit consciente des problèmes vécus par les citoyens de la zone, rappelant s’être opposés au lancement du projet lorsqu’elle était conseillère.
«Le projet a été mis trop près des industries, constate-t-elle. Il y aurait fallu une zone tampon entre les deux.»
La suite du chantier sera surveillée assidûment, assure-t-elle. Une rencontre a d’ailleurs été tenue entre l’arrondissement et le comité de citoyens appelé à surveiller le chantier au début du mois. L’administration se rend sur place fréquemment pour constater l’avancement des travaux.
Les résultats tardent cependant à se faire sentir, constate M. Proulx-Gamache. «Même si on les informe quotidiennement des développements, les fonctionnaires de l’arrondissement semblent dormir au gaz, rage-t-il. On ne devrait pas avoir à faire leur travail pour eux.»
Exceptionnellement, pour tous les travaux qui doivent y être effectués, Lachine conserve 80% des sommes dues au promoteur. Ce montant ne lui est remis que lorsque les travaux sont terminés.
Le projet VillaNova compte plusieurs phases, dont Flora, comprenant trois tours à condo de dix étages, qui seront les plus hautes de Lachine.
75
La phase Flora du projet immobilier VillaNova nécessitera un investissement de 75M$.
Saga VillaNova
Le projet Villanova est situé sur l’ancienne usine Jenkins, à Lachine. C’est Construction F. Catania, de l’entrepreneur Paolo Catania qui a lancé le projet. Visé par de nombreuses poursuites, le groupe s’est lancé dans une liquidation de ses actifs. Il a été repris par le syndic de faillite Raymond Chabot, qui octroie des contrats à d’autres constructeurs, dont DLE, qui constitue l’une des filiales du Groupe Catania.