L'appel à l'aide de la famille Khalifa n'est pas entendu
Le désespoir est au rendez-vous alors que la journaliste du Le Messager Verdun rencontre le couple, 48 heures avant la déportation. «Aidez-nous,» supplie le père de famille de 44 ans. «Ce que l’on ressent est indescriptible,» poursuit-il.
Pour la famille, les dernières semaines de vie au pays ont été de vraies montagnes russes. Tantôt l’envie de tout laisser tomber se fait sentir, pour ensuite laisser place à l’envie de se battre. «Mais on se bat avec quoi?,» demande M. Khalifa.
Devant eux, l’enfer se déroule peu à peu. Toute leur famille ayant immigré au Canada ou aux États-Unis, l’Égypte n’est qu’une terre de désolation. Aucun support familial, pas d’amis pour les accueillir. «Il y a eu deux révolutions depuis notre départ, nous n’avons aucune idée vers quoi nous seront transportés,» déplore le père.
La famille doit quitter le pays à la suite à d’erreurs dans leurs demandes d’immigration. «Nous avons reçu de mauvais conseils légaux, mais comment pouvait-on le savoir?,» plaide M. Khalifa. Il refuse de commenter sur les erreurs effectuées, car il a encore espoir qu’un revirement de dernière minute se produise. Il craint qu’en parlant, il scellera le destin de sa famille. «Il y a eu des erreurs administratives, donc ils nous punissent. Punissez-moi, mais ne punissez pas ma famille, mes filles…», bafouille le père.
Un couple actif à Verdun
L’emploi est une des principales préoccupations de M. Khalifa. Au Québec, il cumule plusieurs emplois afin de pouvoir offrir une vie à sa femme et ses deux enfants, travaillant jusqu’à 70 heures par semaine. Il ne redoute pas les jobines et accepte de tout faire pour nourrir les siens. Mme Khalifa fait beaucoup de bénévolat, notamment en tant que comptable, afin que son expérience soit reconnue. Le couple est très actif dans la communauté verdunoise.
Leur deux filles, Sarah, âgée de 8 ans, et Aïcha, âgée de 6 ans, sont nées au Canada. Elles ne parlent ni n’écrivent l’arabe. Cela représente une difficulté de plus pour le couple, qui ne pourra pas les faire instruire dans une école publique en Égypte. Avec les coûts élevés d’écoles anglophones ou francophones privées, il se demande comment il fera pour payer la facture.
Les parents tentent de protéger du mieux qu’ils peuvent leurs filles. Au moment de l’entrevue, elles jouent tranquillement dans la cuisine, mais leur silence vaut mille mots. «Elles constatent qu’il se passe quelque chose. Lors d’une manifestation pour nous aider, elles se sont demandé pourquoi les gens criaient», confie la mère.
Mme Khalifa raconte que sa plus vieille lui a demandé pourquoi son pays la mettait à la porte. «Que peut-on répondre à ça?», fait-elle valoir.
Pire pour la famille, la petite Sarah est atteinte d’épilepsie. Samah craint qu’elle ne puisse recevoir les soins nécessaires dans son pays natal. Elle trouve injuste qu’une citoyenne canadienne se voit rejetée par le pays qui l’a vu naître. «On m’a dit qu’elles pourraient rester ici, qu’elles seraient prise en charge par les services sociaux. Vous, seriez-vous capable d’abandonner vos enfants à des étrangers?», questionne-t-elle.
Solidarité sans frontières
La famille Khalifa doit retourner dans son pays, le 29 août, à bord d’un vol de Qatar Airlines. Elle a entamé une nouvelle demande pour un Certificat de sélection du Québec. Selon Solidarité sans frontières, qui s’occupe du cas de la famille, ce serait un problème d’enveloppe qui empêche le couple de rester au pays.
«Même si les papiers ont été déposés à temps, les documents ont été envoyés dans trois enveloppes séparées,» peut-on apprendre dans un communiqué.
«Nous œuvrons pour que les familles comme celle-ci ne soient pas déportées. Personne ne devrait être renvoyé chez soi alors que l’on contribue à la société,» a tranché Mary Foster, une employée de Solidarité sans frontières.
Surveillez notre couverture complète dans les prochaines éditions du Messager de Verdun et du Magazine de l’Île-des-Soeurs.