Il y a 65 ans, Verdun disait non à Elvis Presley
D’Elvis Presley à Maurice Richard, une panoplie de personnalités mémorables ont laissé leur marque à Verdun. Avec la précieuse aide de l’historien verdunois Daniel Rolland, Métro vous présente quelques anecdotes de personnages historiques notables ayant exalté ou agité Verdun.
Elvis Presley (1957)
Lorsque le légendaire Elvis, «King du rock and roll» et figure culturelle emblématique des années 50, a voulu performer à l’Auditorium de Verdun lors d’une de ses rares tournées hors des États-Unis, il a été renvoyé chez lui la queue entre les jambes.
En effet, c’est en 1957 que la légende du rock et son agent, le célèbre colonel Tom Parker, avaient arrangé une tournée canadienne électrisante, de Vancouver à Montréal, en passant par Toronto. Toutefois, arrivé aux portes de Montréal, le King se heurte à un mur: les directeurs de salle montréalais sont terrorisés par les risques d’émeutes et refusent systématiquement de l’accueillir. Pire, le cardinal Paul-Émile Léger mettra son véto pour empêcher la vedette de performer et d’ainsi «pervertir la jeunesse».
Il faut dire qu’à l’époque, le galvanisant chanteur rock est immensément controversé en raison de son style musical débridé assorti de ses célèbres déhanchements, perçus comme sexuellement provocateurs. Aux États-Unis, il était vu comme un «danger social».
C’est alors que l’idée vint au King de se produire à l’Auditorium de Verdun, une petite municipalité aux abords de Montréal, à l’époque. Cependant, il s’agira d’un autre coup d’épée dans l’eau: la ville est en pleine campagne électorale et le conseil municipal, ne souhaitant pas mécontenter la population, prend in extremis la décision de lui refuser l’accès à l’auditorium. Elvis Presley quittera ainsi le Québec bredouille, non sans causer toutefois de véritables montagnes russes d’excitation et de déception.
Maurice Richard (1939)
Fameux joueur de hockey montréalais, celui qu’on surnommait «le Rocket» a aussi déjà joué pour les Maple Leafs… de Verdun.
À ses débuts, le jeune Richard jouait pour la Ligue de hockey junior du Québec. Il s’entraînait donc avec l’équipe de Verdun, paradoxalement nommée les Maple Leafs, le même nom que la fameuse équipe rivale des Canadiens de Montréal, les Maple Leafs de Toronto. Il foulera les glaces verdunoises de 1939 à 1940.
Félix Leclerc (1950)
Le grand chansonnier de la musique québécoise aurait enregistré, dans les années 50, une compilation de ses plus grands succès au studio de la station de radio francophone CKVL, autrefois située au 211, rue Gordon, à Verdun.
Celle-ci était alors destinée à être exportée en France pour permettre à Félix Leclerc de tâter le terrain et de découvrir les occasions qu’offrait l’Hexagone. Le succès de l’artiste en France est colossal, et son auditoire y aurait même été plus important qu’au Québec.
C’est aussi dans ce même studio que le célèbre pianiste Oscar Peterson entamera sa carrière de musicien de jazz.
Norman Bethune (1920)
Le médecin de terrain Norman Bethune, qui a soigné soldats et civils lors de la guerre civile espagnole ainsi que pendant la guerre civile chinoise aux côtés des révolutionnaires, a lui aussi une histoire liée à celle de Verdun.
En effet, lors de son temps passé à Montréal, il se rendait chaque samedi matin sur la rue Gordon pour offrir gratuitement ses services aux plus démunis, pratiquant la médecine communautaire dans les quartiers ouvriers.
L’histoire de Verdun dans le respect du décorum, de Daniel Rolland
Cet article a été rendu possible grâce à la contribution de Daniel Rolland, Verdunois passionné d’histoire, qui a fourni l’entièreté des anecdotes présentées ci-dessus. Son livre, coécrit avec Sylvain Champagne, Verdun dans le respect du décorum, retrace les moments forts de l’histoire de Verdun.