Melançon veut convertir des hôtels pour accueillir les femmes violentées
Dyann Serafica-Donaire est la 10e victime de féminicide survenue en province. Après seulement quatre mois, on en compte déjà plus qu’en 2021. Alarmée par la situation, la députée provinciale Isabelle Melançon plaide pour que Québec mette en place des mesures d’urgence.
Richard West et sa conjointe, Dyann Serafica-Donaire ont été retrouvés sans vie dans leur domicile situé à Mercier, en Montérégie, le vendredi 16 avril.
La femme de 38 ans a été tuée par M. West, avant que celui-ci ne s’enlève la vie, ont confirmé les autorités le lendemain.
La ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, a réagi à la nouvelle de la 10e victime de féminicide sur Twitter. «Nous avons un plan en réponse à l’urgence, qui sera annoncé bientôt. Restons attentifs aux signaux, sauvons les femmes», demande-t-elle.
Propositions
Dans son budget, Québec réserve 22,5 M$ pour rehausser l’aide offerte aux victimes de violence conjugale. C’est insuffisant, considère Mme Melançon porte-parole de l’opposition officielle en matière de Condition féminine.
Après une 10e victime de féminicide, il est clair que les besoins sont criants, estime l’élue, ajoutant qu’il est temps de passer à l’action. Elle propose au gouvernement caquiste de bonifier le financement annoncé au budget pour les maisons d’hébergement, soulignant que ces sommes ne permettent pas la création de nouvelles places en centre d’accueil pour les femmes.
Chaque année, environ 10 000 femmes violentées au Québec n’ont pas eu de place en maison d’hébergement. Des chambres d’hôtel devraient être converties temporairement en milieu d’accueil pour les femmes qui fuient un foyer violent, considère la députée libérale de Verdun.
«Actuellement, nos hôtels sont vides à cause de la pandémie. Les hôteliers sont prêts à faire des ententes gouvernementales pour protéger les femmes», indique Mme Melançon. Également porte-parole en matière de Tourisme, elle assure que les hôteliers pourraient s’organiser très rapidement.
«Ça prend des chambres, de la sécurité et des intervenants. On est capable de le mettre en place. Le but, c’est d’éviter qu’une femme doive repartir dans le foyer où elle vit de la violence, parce qu’on est incapable de l’accueillir en maison d’hébergement», considère Mme Melançon.
Elle propose également au gouvernement de soutenir les organismes qui viennent en aide aux hommes, afin d’agir en amont des problématiques de violence conjugale. La libérale souhaite aussi que la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault organise une rencontre d’urgence avec les intervenants du milieu pour qu’elle ait une lecture adéquate de la situation sur le terrain.
Restez à l’affût
La présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence, Chantal Arseneault, considère qu’il faut agir à court terme avec des mesures d’urgence, mais aussi à plus long terme avec un changement des mentalités.
«Il arrive qu’une victime ne parvienne pas à mettre des mots sur ce qu’elle vit, surtout lorsqu’il n’y a pas de violence physique. En tant que proches, certains signes peuvent nous alerter», souligne Mme Arseneault via communiqué. Si une femme de notre entourage refuse nos invitations, si elle s’isole de plus en plus, qu’elle semble nerveuse ou qu’elle change de comportement en présence de son conjoint, nous devrions ouvrir un dialogue avec cette personne, souligne Mme Arseneault.
Ces comportements devraient amener un proche à offrir un soutien à la personne, lui suggérer des ressources et surtout, gardez le contact avec elle.
SOS Violence conjugale possède une ligne téléphonique auquel il est possible d’appeler 24h/7 pour obtenir de l’aide ou de l’information. Composez le 1 800 363-9010.
2600
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a hébergé 2 600 femmes et 2 100 enfants en 2019-2020 dans ses maisons. Cela exclut les femmes et les enfants qui ont reçu plus de 17 700 autres services comme des consultations externes, des accompagnement et suivi post-hébergement.