Le comité d’action des citoyens de Verdun (CACV) a récemment nommé Steve Baird comme directeur général. Depuis qu’il est impliqué auprès de l’organisme, il a été témoin de l’évolution du parc locatif et des problèmes qui ont été exacerbés, surtout depuis la dernière année en raison de la crise sanitaire.
QU:Depuis combien de temps êtes-vous impliqué auprès du CACV?
Je suis devenu membre du CACV en 2012, lorsque j’habitais à Verdun. En 2016, j’ai été embauché à titre d’organisateur communautaire avant de devenir directeur cette année.
QU:Est-ce que vous avez toujours travaillé dans le domaine de l’immobilier? Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce secteur?
Depuis longtemps, je fais mon possible pour appuyer des causes qui me tiennent à cœur. Avant de travailler au CACV, j’étais surtout impliqué en faveur de l’accès aux écoles pour des enfants à statut d’immigration précaire. Je me suis intéressé au CACV parce qu’on a tous besoin d’un logement décent et abordable. C’est un honneur pour moi de pouvoir travailler pour le logement communautaire et pour protéger les droits des personnes vulnérables.
QU:Est-ce que vous avez un événement ou une anecdote qui vous a particulièrement marqué au cours de votre carrière, qui vous a motivé à poursuivre votre dévouement?
L’été dernier, j’accompagnais une personne âgée qui était victime d’une éviction abusive, tout comme ses voisins, après qu’une compagnie à numéro a acheté son bâtiment. Elle a cherché un logement pendant des mois, mais à la veille du 1er juillet elle n’avait toujours rien trouvé. Elle a dû être hébergée temporairement par la Ville dans une chambre d’hôtel et a seulement pu se reloger à Verdun grâce à un loyer subventionné. J’y pense toujours non seulement parce que ça m’a touché, mais aussi parce qu’il faut régler les causes du problème.
QU:Comment le parc locatif de Verdun a évolué au cours des dernières années? Quels sont les nouvelles réalités et les nouveaux défis qu’on ne connaissait pas il y a quelques années?
La flambée des loyers des dernières années a eu des conséquences désastreuses pour plusieurs Verdunois, non seulement pour ceux qui déménagent, mais aussi pour plusieurs qui sont menacés par des évictions de mauvaise foi. D’autres se trouvent aux prises avec des logements insalubres ou des loyers inabordables qui ne leur laissent pas assez d’argent pour payer l’épicerie.
QU:Si vous aviez une baguette magique qui pourrait changer le cadre légal du parc locatif, que changeriez-vous et pourquoi?
Je mettrais en place de meilleures protections contre les évictions abusives. Une façon d’y parvenir serait un meilleur contrôle des loyers parce que les évictions abusives sont surtout dans le but de grandes augmentations de loyer et des profits qui peuvent en découler. Sinon, certains pays ont des dispositions légales qui ne permettent pas aussi facilement qu’un promoteur immobilier mette une personne âgée ou une autre personne vulnérable à la rue.
QU:Est-ce que la part des immeubles destinés pour du locatif a diminué au cours des dernières années à Verdun? Pourquoi est-ce important d’avoir un parc immobilier diversifié?
Les conversions de logements locatifs en condos et en maisons unifamiliales ont déjà eu un grand impact à Verdun sur le parc locatif. Nous sommes fiers d’avoir participé à des efforts ces dernières années qui ont parfois réussi à limiter ces pratiques, mais certaines conversions échappent aux contrôles en place. Notre parc locatif est une grande richesse pour Verdun. Il est essentiel au bien-être de plusieurs d’entre nous et il faut le protéger.
QU:La pandémie a exacerbé plusieurs problèmes dans la société. Quels défis sont se sont présentés en raison de la crise sanitaire pour le parc locatif de Verdun?
La pandémie est arrivée alors qu’on vivait déjà une crise du logement. Je crois que c’est non seulement l’itinérance visible qui a augmenté, mais aussi la pauvreté et la précarité plus largement. Au moins, on connaît des solutions à ces problèmes, mais à ce jour les réactions des gouvernements du Québec et du Canada en matière de logement ont été assez limitées.