Art mural: quarantaine artistique à l’ère du coronavirus
La période de confinement est un moment propice à la création pour de nombreux artistes de tous les domaines, dont l’art mural. À Montréal, l’arrivée du printemps marque habituellement le début des murales. Ce ne sera vraisemblablement pas le cas cette année, alors qu’il y a lieu de se demander quelle est la place de l’art pendant cette crise.
Les artistes Ankhone et Dodo Osé ont notamment peint la murale à l’angle du boulevard LaSalle et de la 1ere Avenue, à Verdun. Tous deux ont l’occasion d’avancer des projets personnels.
«Il a fallu une période d’adaptation parce que, comme tout le monde, on avait des inquiétudes. Une fois cette période passée, en tant qu’artiste, ça nous pousse complètement à créer», témoigne Ankhone.
Il travaille d’ailleurs sur son exposition de toiles qui s’intitulera Jardin secret. «Dans ce chaos, je vois plutôt du temps pour soi, un espace pour la réflexion, pour se reposer et faire des choses qu’on n’avait pas le temps de faire», explique-t-il.
Son collègue, Dodo Osé va dans le même sens. La pandémie lui offre une opportunité de se mettre dans un moment créatif sur plusieurs jours. Il travaille également sur un projet personnel d’exposition de toiles qu’il aimerait faire d’une part en atelier et ensuite à l’extérieur en explorant la région de la Gaspésie, une fois l’interdiction de voyager levée.
«Moi je rêvais un peu [d’avoir tout ce temps], mais c’est malheureux que ça se passe sous ce format, raconte-t-il. Dans une démarche artistique, à force de [seulement peindre], ça amène une énergie artistique différente que je trouve très intéressante.»
Il constate qu’il avance plus vite et qu’il est plus concentré qu’à l’habitude.
«En ce moment comme tout le monde est enfermé, c’est bon pour les gens de pouvoir s’évader dans l’art.» — L’artiste Dodo Osé.
Véhiculer un message
L’art redonne un élan d’espoir et aide les gens à penser à autre chose, du moins pendant quelques minutes, estime Ankhone. «J’ai l’impression que sans les artistes, ce confinement serait beaucoup plus morose», souligne-t-il.
Ainsi, l’art sous toute ses formes, comme la musique, la littérature, le cinéma, ou la peinture permet aux gens de se divertir avec des œuvres déjà proposées avant les conséquences du coronavirus.
«Même avant la pandémie, je trouvais que le thème de l’écologie et d’un autre monde était déjà bien évident dans la peinture comme dans le street art», estime Dodo Osé. Il est d’avis que beaucoup d’artistes donnent des messages écologiques et anticapitalismes.
«Ce qu’on vit en ce moment, je crois que ça va juste venir amplifier ce message qui était déjà là avant la pandémie», dit-il.
Comme Dodo Osé et Ankhone, d’autres artistes montréalais attendent des températures plus clémentes pour sortir peindre. Ils espèrent que le moment venu, la population y verra une belle façon de célébrer la fin de cette crise.
Visites virtuelles
Le confinement n’oblige pas seulement les artistes d’art mural à s’adapter. Comme les institutions muséales sont fermées un peu partout, plusieurs collections sont disponibles en ligne.
Par exemple, il est possible d’admirer virtuellement plusieurs oeuvres du Musée des beaux-arts de Montréal ou encore de la MacKenzie Art Gallery et à l’internationale du Musée du Louvre, du Château de Versailles, du Metropolitan Museum et du MoMA, à New York. La numérisation permet d’observer les œuvres et d’avoir accès aux descriptifs comme si on y était.