Prisonniers de l’île
Depuis le début des travaux du nouveau corridor Champlain, les Insulaires sont de plus en plus enclavés. La situation est d’autant plus irritante lorsque des accidents bloquent la circulation, comme ce fut le cas à l’heure de pointe du matin jeudi, alors qu’un camion-citerne transportant du sucre liquide s’est renversé dans la bretelle de l’A10 Est. La seule sortie vers Montréal s’est ainsi rapidement engorgée, entraînant une congestion monstre sur l’ensemble du réseau routier de L’Île-des-Sœurs.
«C’est inacceptable, a déclaré le maire Jean-François Parenteau après que les autoroutes 15 et Bonaventure aient été fermées durant plusieurs heures afin de permettre le nettoyage. C’est dans les événements exceptionnels que des tragédies arrivent.»
Le maire réitère le besoin d’établir un troisième lien entre l’île et la terre ferme. «Depuis le début de l’histoire de Verdun, il est censé y avoir un pont local qui relie les deux rives», rappelle-t-il.
«Les deux sorties et les deux carrefours giratoires sont sur le même axe que l’autoroute 15. Qu’il y en ait deux ou trois qui tombent à la même place, ça ne change rien.»
Jean-François Parenteau, maire de l’Arrondissement de Verdun
Pour leur part, les Insulaires étaient furieux d’être coincés dans la circulation. «Ça m’a pris 45 minutes pour sortir de l’île. Tout était congestionné, c’était vraiment pathétique, fustige Sophie Buu, qui questionne l’efficacité des ronds-points dans ce genre de situation.
«Dans les carrefours giratoires, quand les gens ne savent pas où aller, ils tournent en rond et ça fait un bouchon. Il faut ensuite démêler ça une voiture à la fois, comme une balle de laine qui est mélangée», a illustré le maire Parenteau.
Retards
Alors que certains enfants ne se sont simplement pas rendus à leur école à l’extérieur de l’île, d’autres ont passé plus d’une heure trente dans leur autobus. C’est le cas d’Ibrahim El Hallaoii qui a mis le triple du temps normal pour rejoindre sa classe d’arts plastiques.
«Il y a plusieurs [de mes amis] qui ont débarqué et sont partis à pied. Ils ont emprunté le passage piétonnier sur l’A15», décrit l’adolescent de 13 ans.
Annik Minassian, une résidente de l’île qui travaille dans le Vieux-Montréal, a pris deux heures pour se rendre au travail. «Heureusement, mes deux patrons sont très flexibles avec l’horaire, mais il y a d’autres personnes qui n’ont pas cette chance», dit la femme de 31 ans.
Elle a été témoin de gens qui sont retournés chez eux ou qui ont marché vers un arrêt d’autobus près de la Pointe-Nord, où la circulation était moins dense grâce au travail de policiers. «S’il y avait eu un pont local, je serais allée à Verdun à pied et j’aurais pris le métro jusqu’au centre-ville», explique celle qui a dit préférer marcher que de rester coincée deux heures dans un autobus.
À bout de ressource, un résident, qui préfère garder l’anonymat, considère déménager de l’île pour ne plus se sentir prisonnier.
Une plainte formelle a été adressée à Signature sur le St-Laurent.