L’Hôpital de Montréal pour enfants (le Children’s) a inauguré ce vendredi le Centre spécialisé en santé mentale pour adolescent (le SPOT Montréal), l’un des plus grands centres ambulatoires pour adolescents en état de crise suicidaire du Canada. À partir de lundi prochain, des adolescents qui ont envisagé ou tenté de se suicider pourront bénéficier d’une aide personnalisée.
Il n’a fallu que six mois entre la présentation du projet, qui était en gestation depuis quelque temps, par le chef du département de pédopsychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants, le Dr Martin Gignac, et son aboutissement. Un court laps de temps qui traduit l’urgence de mettre en place une ressource en santé mentale pour les adolescents de 12 à 18 ans, en cette période de crise sanitaire.
Car les intervenants présents lors de cette conférence de presse sont formels: la pandémie a accéléré les problèmes de santé mentale chez les adolescents.
«Avec la COVID-19, les visites aux urgences ont augmenté de 35%, et le problème, c’est que les adolescents revenaient à l’urgence parce qu’ils n’avaient pas d’autres services», explique la présidente de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, qui finance une partie du projet, Renée Vézina.
En quelques mois, la Fondation a réuni plusieurs donateurs qui ont permis de lever en tout 12 M$. Le SPOT accueillera son premier patient lundi prochain, et il devrait en recevoir un millier de plus pendant l’année.
Une ressource intermédiaire
Le SPOT vise à être un espace de transition entre les urgences de l’hôpital et des ressources disponibles à Montréal. La période de suivi des jeunes en crise suicidaire peut aller jusqu’à 12 semaines.
«C’est une période qui permet une résolution de crise, mais qui ne permet pas [de traiter] à très long terme toutes les problématiques d’un jeune. Donc, nous voyons notre intervention comme celle d’une crise ponctuelle sur une période prolongée», indique Dr Martin Gignac.
Pour ce suivi, le SPOT compte sur une équipe multidisciplinaire composée de professionnels comme des psychologues et des psychiatres, des travailleurs sociaux, des psychoéducateurs, des ergothérapeutes, des infirmières et du personnel du milieu pharmacologique pour la prescription de médicaments.
Les professionnels vont également faire en sorte que le jeune patient puisse obtenir un suivi à long terme, en s’assurant qu’il ait à sa sortie accès à des ressources extérieures.
Aider les jeunes
À peu près tout le monde a déjà été en lien avec des problèmes de santé mentale, que ceux-ci concernent soi-même ou un membre de son entourage, a rappelé Simone qui a témoigné de sa propre expérience lors de l’inauguration.
À l’âge de 15 ans, iel a demandé à sa mère de l’amener à l’hôpital, en raison de pensées suicidaires. Simone a alors intégré l’unité de pédopsychiatrie du Children’s, et a par la suite reçu de l’aide de diverses ressources. Des aides qui, assure-t-iel, lui ont permis d’être toujours en vie aujourd’hui. En appuyant ce nouveau centre, Simone espère que d’autres jeunes pourront bénéficier du soutien qu’iel a pu avoir.
«Avoir quelque part pour non seulement parler à des psychiatres et psychologues pendant trois mois, mais aussi pour avoir ensuite des ressources communautaires, c’est quelque chose que je trouvais vraiment important, et c’est très excitant à voir.»