Alors qu’on apprenait en décembre dernier que la maison Lapointe, demeure centenaire située aux coins des rue Liébert et Notre-Dame, était vouée à disparaître, une autre maison historique a dû être démolie le mois dernier. Selon l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, voilà un autre exemple de l’importance d’inventorier le patrimoine de l’est de Montréal.
Inhabitée depuis 2011, la maison qui était située aux coins des rues Bossuet et Notre-Dame se trouvait dans un état de décrépitude avancée. Deux ingénieurs ont recommandé sa démolition et c’est le 18 décembre qu’elle a été mise à terre. Des murs moisis, des fils électriques qui pendent du plafond et des briques arrachées, il était difficile de deviner que la demeure avait une valeur historique importante.
C’était pourtant le cas, affirme l’historien de l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (AHMHM) William Gaudry. «La maison, dont les premières composantes dataient des années 1870, était à ce jour une des plus anciennes dans Mercier-Ouest», dit-il. En plus de sa valeur architecturale importante, le bâtiment avait une signification historique puisqu’elle a appartenu à Edmond Guy, fermier et cofondateur de Guybourg en 1906. Selon l’historien, il s’agissait là d’une double importance.
Répertoire
Or, la maison d’Edmond Guy n’était pas inventoriée comme ayant une «valeur patrimoniale exceptionnelle». Selon William Gaudry, cette méconnaissance du caractère patrimonial de certains bâtiments de l’arrondissement prouve l’importance de répertorier ces demeures historiques. «Je comprends que l’arrondissement n’avait pas le choix, mais voilà un autre exemple (avec la maison Lapointe) qu’un inventaire est urgent», ajoute-t-il.
«En tant qu’organisme dont la mission est de protéger et mettre en valeur le patrimoine, on s’attend à être minimalement consultés lorsque les pouvoirs publics veulent intervenir sur un bâtiment.»
– William Gaudry, Atelier d’histoire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
En consultant l’historique de la maison d’Edmond Guy, on constate qu’en 2007 la construction d’un troisième étage sans permis a valu au propriétaire une amende de 520$. Un montant dérisoire pour des travaux qui ont défiguré le bâtiment historique, pense M. Gaudry.
La chargée de communication de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve Julie Bellemare réitère que l’administration souhaite prendre des actions pour préserver le patrimoine modeste. «Mais dans un état de décrépitude aussi avancé, il était trop tard pour agir, indique-t-elle. On ne peut pas intervenir pour des maisons qui ont été laissées à l’abandon.»
William Gaudry souhaite que cette perte serve encore une fois de leçon quant à la conservation du patrimoine. Est-ce que le prochain bilan sera moins lourd? Seul l’avenir nous le dira, mais l’historien juge que des actions concrètes doivent être prises incessamment.