Créé il y a trois ans, les services Aire ouverte doivent offrir un meilleur accès aux jeunes en santé mentale. Cette frange de la population peut avoir de la difficulté à se rendre dans les services plus classiques.
Si ce n’était la plaque apposée à l’entrée, rien n’indiquerait que ce duplex sur la rue Sauriol est la propriété des services de santé.
C’est Aire ouverte, elle accueille les jeunes qui auraient du mal à se rendre à un CLSC ou à un hôpital. Elle récupère les jeunes en difficultés que le système risquerait d’échapper.
Cette expérience est menée dans trois édifices du genre au Québec. Un est à Sept-Îles, un autre à Laval et celui-là à Ahuntsic, le premier sur l’île de Montréal.
«Nous sommes un des projets de démonstration. Bientôt, il y aura des Aires ouvertes dans chaque CIUSSS», annonce Maud Shatskoff, coordonnatrice clinique d’Aire ouverte.
Créée en 2019, cette structure commence à se faire connaître.
À l’extérieur du bâtiment des jeunes s’affairent à planter des fleurs pour embellir l’entrée.
Cette activité est menée avec l’aide de L’École des métiers de l’horticulture de Montréal. Plus tard des bacs à fleurs et des jardinières seront installés aussi sur la terrasse de la bâtisse. «Avec la pandémie, les jeunes avaient besoin de réaménager les lieux extérieurs», relève Mme Shatskoff.
Après la plantation, ils s’occuperont aussi de l’entretien. L’animation n’est pas une décision de la direction d’Aire ouverte, mais plutôt un choix de ceux qui fréquentent cet établissement.
«Ici, tout vient des jeunes. Le choix du mobilier, l’aménagement et même les horaires», précise-t-elle.
Ainsi, les bureaux accueillent les gens âgés de 12 à 25 ans du mardi au jeudi de 13h à 21h et les samedis de 10h à 17h sans rendez-vous.
Autrement, sur un appel téléphonique, les intervenants se mettront en quatre pour accommoder le jeune. Tout est fait pour ne pas rebuter ceux qui s’adressent à Aire ouverte.
Transition
Le passage à l’âge adulte peut être semé d’embuches et les jeunes ne savent pas forcément de quelle aide dont ils sont besoin.
«Les jeunes qu’on veut rejoindre ont du mal à accéder aux services c’est pourquoi nous devons faire ce petit effort et leur tendre la main», décrit Mme Shatskoff.
Ils peuvent avoir été échaudés dans le passé ou n’auraient pas envie de se rendre naturellement dans un CLSC. Ils sont sur une liste d’attente d’un service spécialisé en santé mentale et avant d’être appelés, Aire ouverte les aides à patienter.
«Je dirais que nous sommes souvent une porte d’entrée pour n’importe quel type de symptômes. Des fois c’est je me cherche un emploi d’autres fois j’ai un conflit avec mon parent je m’adapte mal à ma situation scolaire au cégep», décrit Mme Shatskoff.
Sur place des intervenants et intervenantes, mais aussi une infirmière spécialisée en sexualité et une sexologue, la seule que le CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal a recruté. Les questions de sexualité sont très importantes.
«Je m’interroge sur mon orientation sexuelle ou mon identité de genre. Notre sexologue peut donner des réponses», souligne Mme Shatskoff.
Orientation
Ce sont également des professionnels qui nouent un contact privilégié avec un jeune et qui vont l’orienter vers les ressources adéquates.
«Nous n’allons pas seulement lui dire où il doit aller. Nous allons aussi l’accompagner parce que parfois, on sait où on doit se rendre, mais on n’ose pas le faire. On est gêné. On vit des incertitudes, des inquiétudes, des hauts et des bas», énumère Mme Shatskoff.
Ce service sur mesure, pratiquement personnalisé, permet de garder le contact et amener doucement la personne vers la structure de santé ou le service social le plus adéquat.
«Il se peut au moment où il va aller chercher du soutien que ça fonctionne et qu’il se sente ouvert et prêt à se mobiliser. Mais la semaine suivante, il arrive une crise dans sa vie. Il ressent moins la nécessité ou l’urgence. Notre rôle c’est de dire à ce moment-là, c’est correct. Il n’est pas obligatoire qu’une démarche de rétablissement soit linéaire. Nous , nous allons être là tout au long, peu importe le temps que ça prendra», prévient-elle.
Même s’il propose des activités, un lieu de détente et de socialisation, Aire ouverte n’est pas une maison de jeunes.
«Il ne faut pas faire cette comparaison. Les maisons de jeunes font un excellent travail et ce n’est pas le nôtre. Si un jeune a besoin de socialiser, peut-être qu’on l’emmènerait dans une maison de jeunes», relève Mme Shatskoff.
500
Au cours des douze derniers mois, Aire ouverte a répondu à près de 500 nouvelles demandes de jeunes âgés entre 17 et 25 ans. Trois quarts des problématiques formulées étaient liées à la santé mentale, 15% à la gestion des émotions et 15% à des problématiques relationnelles.