Du cidre urbain, fait à Ahuntsic
Installé près du Marché central dans un bâtiment industriel, Cidre Sauvageon proposera sa première production de 7 000 bouteilles sur les tablettes des épiceries et dans les marchés de Montréal cette année.
L’entreprise de cidre urbain, créée en pleine pandémie par deux complices, Raphaël Lefort et Pauline Macera, transforme des pommes, des poires et des prunes cultivées sans additifs chimiques.
Respectivement âgés de 33 et de 31 ans, les deux entrepreneurs ont pu mettre la main sur un verger très particulier établi à Mercier, en Montérégie. C’est de là que provient une bonne partie des fruits transformés.
Sa propriétaire Caroline Tardif leur loue cette exploitation mise au point par son conjoint Jean-François Hébert, un agronome spécialisé en cultures des arbres fruitiers, aujourd’hui décédé.
«Il y a environ 150 variétés de pommes, 50 de poires, différentes sortes de prunes, des framboises, des gadelles [une sorte de groseilles] des cassis, du houblon, de la rhubarbe», énumère M. Lefort.
Innovation
Pour eux, la principale valeur ajoutée de leur cidre urbain réside dans l’environnement dans lequel évolue les plantations.
«Le créateur de ce verger a vraiment essayé de concevoir une biodiversité. Il avait installé des ruches pour la pollinisation et il y a tellement de fleurs un peu partout. C’est extraordinaire», souligne Mme Macera.
Même s’ils ne sont pas certifiés biologiques, ils assurent que leurs fruits sont cultivés sans pesticides ni produits chimiques.
«L’année passée, nous n’avons fait aucun traitement. Même en bio, on peut en faire», explique M. Lefort.
En fait, ils ont laissé pousser les pommes et les ont ramassées une fois mûres. Le cidre qu’ils proposent se fera en quatre cuvées avec des arômes et des saveurs différents.
«Ce sont des cidres innovants, très secs, pas sucrés et ça plait aux gens», précise la cogérante.
Le précieux liquide pressé à la fin de l’automne dernier a été vieilli dans trois fûts de chêne venus de France qu’ils ont eu la chance de trouver au Québec.
«Ce sera d’autres saveurs avec tous les fruits qu’on utilise notamment la prune. Il faut être curieux, mais c’est un cidre accessible à tous», assure l’entrepreneur.
En ville
Ils auraient pu louer un espace quelque part en Montérégie, en pleine campagne et faire les transformations qu’ils souhaitent. Ils ont opté pour la Centrale agricole, à Ahuntsic, un OBNL qui est aussi un incubateur pour les entreprises en agriculture urbaine. «On voulait vivre à Montréal et le verger est à une demi-heure», confie M. Lefort.
Quand ils ont découvert le lieu, cela a aussi confirmé leur façon de voir leur entreprise prospérer. «On s’est dit que ce serait parfait. On sera juste à côté pour faire les livraisons. Il y a aussi quelque chose d’un peu innovant là-dedans», observe Mme Macera.
Les deux entrepreneurs sont adeptes des circuits courts pour les produits locaux. «On veut que ce soit le plus local possible. Notre objectif n’est pas d’essayer d’exporter loin notre production», convient M. Lefort.
La présence d’autres entreprises en agriculture urbaine à l’intérieur de la Centrale agricole ouvre aussi des perspectives de collaboration. Cidre Sauvageon offre également une piste pour la reconversion des bâtiments industriels difficile à occuper.
«On peut faire de l’agriculture au Québec avec des moyens alternatifs sans avoir de grandes quantités de capital. Il faut juste savoir frapper aux bonnes portes», croit M. Lefort.
Les bouteilles de leur cidre urbain seront distribuées à partir de mai dans des épiceries et des marchés locaux de Montréal.
«Les épiciers font un super beau travail de mise en valeur des produits du Québec. Ils vont les proposer à leurs clients, ils vont faire travailler leurs réseaux sociaux», soutient-il. Des commerçants ont commencé à prendre contact avec eux.