Pour les adolescents, suivre ses cours en ligne c’est aussi passer de longues heures devant un ordinateur. Les experts conscients des exigences du confinement recommandent plutôt un usage réfléchi des écrans.
Alors qu’elle préconisait une durée quotidienne d’usage de deux à quatre heures avant la pandémie, la Société canadienne de pédiatrie parle depuis l’apparition de la COVID-19 de gestion du temps et d’utilisation constructive pour les adolescents.
Le professeur au département des sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi, Patrick Giroux, reconnait qu’il y a aussi dans l’opinion une idée répandue de temps idéal à passer devant un ordinateur chez les jeunes. Il avertit qu’il faut bien comprendre préalablement d’où viennent ces recommandations pour mieux les juger.
«Il y a des milliers de recherches qui associent le temps d’écran chez les ados ou les jeunes adultes à un paquet de maux et de difficultés. Cela va de l’obésité aux problèmes oculaires ou de concentration. Mais ce sont des recherches corrélationnelles. Ce ne sont pas des études qui permettent de conclure à une relation de cause à effet», prévient M. Giroux.
Le chercheur en technopédagogie ne dit pas que le temps passé devant un écran n’a pas d’effets négatifs, mais il veut souligner certaines nuances.
Pour toutes ces recherches, la manière de consulter fait toute la différence lorsqu’il s’agit d’avoir recours à la technologie. «Il y a une chose dont on est certain. C’est que ça dépend comment on utilise les écrans», explique le professeur.
Consommation
Pour les parents qui paniquent à voir leur jeune les yeux rivés devant un écran, il leur conseille d’abord de s’informer sur ce qu’il consomme.
«Le jeune qui tripe sur une passion et passe du temps sur YouTube pour apprendre de nouvelles choses, est-ce que c’est mauvais? Ça le tient éveillé, ça le garde vivant», relève M. Giroux.
La crainte de voir un jeune absorbé par les réseaux sociaux ne doit pas non plus susciter de peur. «Je donne souvent cet exemple des jeunes quand ils allaient au parc. Ils racontaient des blagues, ils parlaient de leurs blondes ou de leur prof qui les achalait. Ils se chicanaient. Ils font cela sur les réseaux sociaux maintenant», rassure le chercheur.
Bien entendu, ce serait mieux si les ados interagissaient physiquement, mais le confinement et la distanciation ne le permettent pas.
«L’adolescent construit son identité et cela passe beaucoup par les interactions sur les réseaux sociaux. Est-ce que ça comble ses besoins? Non. C’est un pis-aller. Ce n’est pas suffisant», résume M. Giroux.
Dangers
Le chercheur admet qu’il y a aussi des risques de dérapages avec lesquels vient le lot de problèmes liés aux réseaux sociaux.
«Par exemple, les ados peuvent dire des choses qui peuvent les suivre longtemps après et peut-être leur faire perdre un emploi potentiel plus tard», prévient M. Giroux.
C’est là que les parents doivent être vigilants, selon lui. «Le jeune n’est pas câblé pour comprendre que ses actes d’aujourd’hui ont des conséquences sur le futur. Il faut le lui expliquer longtemps et le répéter plusieurs fois», soutient-il.
Cet usage des écrans touche aussi des médias plus anciens comme la télévision.
«Faire le zombie devant la télé pendant huit heures, ce n’est sûrement pas bon. Cela prive le jeune d’activités physiques et d’interactions sociales», observe-t-il.
Les parents doivent distinguer les situations, indique M. Giroux. Rien n’est blanc ou noir, ajoute-t-il, mais priver les jeunes d’écrans est loin d’être la solution.