Les CHSLD se disent prêts pour la deuxième vague
Deux zones chaudes dotées de lits réservés avec du personnel dédié ont été aménagées pour recevoir l’ensemble des patients des CHSLD atteints de COVID-19 du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal lors de la deuxième vague. D’autres pourraient s’ajouter éventuellement, la direction affirmant être flexible.
Les personnes infectées seront redirigées vers les 49 lits au CHLSD Laurendeau et les 18 à Notre-Dame-de-la-Merci.
«Le personnel doit revêtir tout l’équipement de protection avant d’entrer et respecter toutes les étapes de prévention et de contrôle des infections», précise la relationniste du CIUSSS du Nord, Séléna Champagne.
Par ailleurs, l’ensemble des nouvelles admissions des CHSLD, peu importe leur provenance, passeront par une zone tampon pour un confinement de 14 jours pour s’assurer que le résident n’est pas contaminé.
Craintes
Pour les syndicats des travailleurs de la santé, le mouvement du personnel d’une zone à l’autre et d’un CHSLD à un autre, une situation dénoncée lors de la première vague, devra être évitée.
«J’espère qu’on ne va pas reproduire les erreurs du passé. On doit stabiliser les gens, surtout ceux qui sont en zones chaudes», prévient le vice-président au syndicat de la Fédération de santé et de services sociaux-CSN du CIUSSS, Benoit Taillefer, qui représente entre autres les préposés aux bénéficiaires (PAB), durement touchés au printemps.
Même si elle abonde dans le même sens, la présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal (SPSNIM-FIQ) craint aujourd’hui que la volonté de stabiliser les équipes soit contrecarrée par le manque d’effectif.
Kathleen Bertrand reçoit beaucoup de plaintes en lien avec la surcharge de travail et la fatigue. «La grippe saisonnière s’en vient, les urgences débordent, c’est très inquiétant, dit-elle. Je sais qu’il y a un manque de personnel en soins. Si les infirmières se déplacent de zone à zone, elles ont des chances de devenir un vecteur de COVID.»
Le bris de service sera alors directement proportionnel aux départs en maladie. Actuellement, le CIUSSS compte 21 cas confirmés parmi ses 12 500 employés.
Protection
Le personnel ne devrait pas avoir à composer, comme au début de la pandémie, du manque d’équipement. «Dans des situations où il y avait des cas suspectés, donc des gens potentiellement infectés, je me suis fait dire d’enlever mon masque. On a fini par m’avouer qu’ils avaient peur d’en manquer», raconte M. Taillefer.
Le CIUSSS disposerait maintenant d’une réserve de masques pour 200 jours et un stock de blouses, gants et visières pour 90 jours.
Le bon usage des masques est une responsabilité partagée entre l’employeur et les représentants du personnel, reconnaît M. Taillefer.
«Le syndicat est prêt à faire avec l’employeur une recommandation conjointe pour sensibiliser les membres à faire attention aux pratiques correctes. Avoir un masque c’est une chose. Savoir bien l’utiliser, c’en est une autre», convient-il.
Des appréhensions sont exprimées également par les infirmières quant à l’efficacité du matériel.
«Avec les masques de procédures, il y a des patients qui continuent à se faire contaminer. Est-ce qu’on ne devrait pas rendre plutôt le masque N95 obligatoire pour renter dans les chambres des patients», s’interroge pour sa part Mme Bertrand.
Elle mentionne que dans certains CIUSSS, les professionnels affectés aux soins intensifs portent des masques à cartouches, plus efficaces.