Ahuntsic en fugue annulé
La principale animation culturelle de l’été à Ahuntsic-Cartierville est annulée. La 7e saison du festival Ahuntsic en Fugue est donc victime à son tour de la crise sanitaire.
Habituellement tenue la troisième semaine d’août, la série de concerts de musique classique est aussi le dernier événement estival du genre à Montréal. Il avait d’une certaine manière remplacé le mythique Festiblues, disparu en 2016.
«Nous n’avions pas trop le choix. Il fallait annuler pour ne pas retenir les musiciens», reconnaît son directeur artistique Clément Canac-Marquis.
Depuis deux ans, le festival avait pu s’ouvrir plus largement au public avec les musiques du monde et aussi en offrant de grands spectacles gratuits avec l’Orchestre des berges d’Ahuntsic-Cartierville (OBAC), un ensemble musical éphémère qui réunissait des musiciens de talents pour une ou deux prestations.
Webdiffusion impossible
Le principe d’un happening sur les réseaux sociaux et sur Internet a été écarté puisque cela engendrait des dépenses et une réorganisation que la direction ne pouvait se permettre.
«C’est beaucoup trop compliqué pour nous, avoue M. Canac-Marquis. Il n’y a que des bénévoles qui travaillent à Ahuntsic en fugue. Il aurait fallu chercher des spécialistes en vidéo pour mettre sur pied tout cela.»
Il faut dire que le festival se tient à plusieurs endroits dans l’arrondissement, faisant voyager les spectateurs sur les berges de la rivière des Prairies, dans les églises, les centres communautaires, les ateliers de textile de Chabanel ou les lofts industriels de la rue Louvain.
«En vidéo, il aurait été difficile de restituer ces émotions aux amateurs», convient le responsable.
Se reprendre
Le report n’est pas perçu comme une catastrophe. «Nous sommes une organisation suffisamment agile pour pouvoir nous relancer l’année prochaine», croit M. Canac-Marquis.
Par ailleurs, si des décisions sont prises pour permettre des rassemblements, Ahuntsic en Fugue n’exclut pas d’organiser exceptionnellement un spectacle en dehors de ce qui était programmé.
Reconnaissance
Ahuntsic en fugue a été aussi un catalyseur pour la création d’une œuvre originale l’an dernier. Il avait produit Promenades prolétaires du compositeur québécois Julien Bilodeau, à qui on doit notamment la version lyrique d’après les paroles et la musique de The Wall de Roger Waters et interprétée par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM). L’œuvre a été finaliste au prix Opus pour la Création de l’année.
Ce spectacle lyrique avec sons et lumières rendait hommage au parcours difficile des immigrants qui travaillaient dans le milieu de la confection de vêtements au début du siècle dernier.