Manifestation du personnel du pavillon Albert-Prevost
Les membres du personnel du pavillon de psychiatrie Albert-Prevost, à Cartierville, sont sortis pour une manifestation dans la rue ce 9 mars pour déplorer le peu de mesures prises pour assurer leur sécurité.
Tous les corps de métiers représentés par leurs syndicats manifestaient après qu’un psychiatre ait été victime le 29 octobre 2019 d’une tentative de meurtre à coups de ciseau par un patient.
Quatre mois plus tard, le 6 février, un patient admis à l’urgence a fui à travers la porte de la cafétéria et s’est caché dans une unité du pavillon. Cinq personnes ont été blessés dans l’intervention pour le maitriser, des agents de sécurité et des intervenants en milieu psychiatrique.
Le même jour devait se réunir un Comité sur la sécurité mis sur pied après l’agression violente subie par le psychiatre. La rencontre de ce comité a été reportée au 9 mars.
«Nous sommes sortis sur la place publique, parce que la direction attend ce type d’événements pour prendre les mesures. Nous sommes en mars et on est encore en train d’analyser», fustige David Routhier, président de l’exécutif local de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) .
Il n’est pas le seul à critiquer la lenteur dans la prise de mesures. «Depuis l’agression d’octobre, il y a des choses qui auraient pu être faites, mais cela prend des mois», relève Kathleen Bertrand, présidente de la section de la Fédération des infirmières du Québec au CIUSSS du Nord-de-l’île de Montréal.
«Ce que nous avons fait c’est que nous avons ajouté un agent de sécurité. Il y’en a deux sur l’heure du repas et nous avons mis de l’éclairage sur le stationnement», indique Marc Labonté, directeur des programmes en santé mentale et dépendance, CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
«La demande pour l’éclairage était sur la table depuis 2017», assène Mme Bertrand, appuyée par les autres représentants syndicaux.
«Nous ce qu’on veut ce sont des mesures correctives, concrètes et immédiates», soutient Louis-Martin Reid, membre du comité de négociation FSSS-CSN.
«Des simulations de code blanc, intervention face à une situation de violence dans le milieu hospitalier, ont été organisées. Les employés ont été appelé à utiliser leur bouton panique», énumère M. Labonté.
Cohabitation difficile
Ce que relèvent les représentants syndicaux, c’est aussi une cohabitation difficile dans un établissement complétement ouvert. Le pavillon reçoit des patients qui sont en réadaptation, comme des gens souffrants de dépression mais aussi des malades judiciarisés. La situation donne lieu à des incidents que les professionnels subissent mal.
«Au quotidien, une petite tape, un crachat, une insulte s’accumulent, note Mme Bertrand. J’ai des collègues qui pleurent dans leur voiture dans le stationnement avant de rentrer travailler parce qu’ils ne savent pas comment se passera la journée.»
«Il est normal que les patients aient des problèmes d’agressivité, mais il n’est pas normal que nos intervenants soient agressés», convient M. Labonté de la direction du CIUSSS.
Pour remédier à cette situation, les représentants syndicaux suggèrent une séparation entre les malades.
«Ce qu’on réclame c’est une unité médico-légale permettant d’hospitaliser des gens difficiles dans un environnement fermé avec un personnel formé à ce genre de clientèle, on parle de fouilles, d’accès sécurisés et de surveillance des allées et venues», mentionne M. Reid.
«Il y a une unité de psychiatrie non utilisée qui est une réserve en cas de débordement de l’urgence, elle pourrait être convertie immédiatement», relève M. Routhier.
M. Labonté, représentant de la direction du CIUSSS, plaide pour une recherche de la juste mesure.
«On travaille dans un milieu de soin. Il faut trouver l’équilibre entre la sécurité des employés et tout en respectant les droits des usagers. C’est difficile à trouver, mais nous avons bon espoir d’y arriver davantage.»