Les transitions énergétiques à travers les yeux des Montréalestois
Un doctorant de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) cherche à recueillir les témoignages de personnes ayant vécu à Montréal-Est durant les années 1950, 1960 ou 1970. Le chercheur souhaite mieux comprendre les conséquences sociales des transitions énergétiques urbaines dans la ville liée, du point de vue des résidents de l’époque.
Doctorant en études urbaines et en histoire à l’INRS et à Sorbonne Université, Clarence Hatton-Proulx prépare une thèse sur les conséquences sociales des transitions énergétiques urbaines à Montréal entre 1945 et 1980.
«Toutes les questions historiques viennent de réflexions sur le présent. En passant en voiture à Montréal-Est, je me suis posé la question: pourquoi il y a eu toutes ces raffineries? Et qu’est-ce que ça peut nous dire aujourd’hui sur les liens avec l’environnement urbain? Pourquoi il n’y a presque plus d’industries à Montréal?», souligne-t-il lors d’un entretien téléphonique.
D’un point de vue historique, mais aussi social et environnemental, le chercheur abordera ainsi la transition énergétique allant des «trente glorieuses», une période où l’activité industrielle a été assez forte à Montréal et au Québec, jusqu’à la désindustrialisation, amorcée dans les années 1970 et 1980.
«Il y a des choses intéressantes, notamment dans les années 1970, avec les débats entre les pétrolières et la communauté urbaine de Montréal pour améliorer la qualité de l’air à des seuils acceptables, des groupes citoyens qui vont s’impliquer dans ces débats», souligne-t-il.
Un chapitre sur Montréal-Est
La Ville de Montréal-Est, incontournable lorsqu’on parle de l’énergie montréalaise, aura droit à un chapitre entier dans la thèse de M. Hatton-Proulx.
Alors que les autres chapitres se basent principalement sur des ressources écrites, Clarence Hatton-Proulx souhaite, dans le cas de Montréal-Est, croiser les écrits avec des témoignages oraux de personnes ayant vécu dans le secteur. Une contribution qui ajouterait selon lui plus de «richesse» au contenu.
Le chercheur dit entre autres souhaiter comprendre quelles sont les conséquences environnementales quant à la pollution de l’air et de l’eau, mais surtout, éclaircir les conséquences sur les citoyens vivant à proximité de ces raffineries, qui étaient très polluantes.
Les entretiens permettraient aussi au doctorant de mieux comprendre les ramifications de cette cohabitation, étant donné que l’industrie était à une époque «vue d’un point de vue positif, car ça amenait beaucoup d’emplois, des recettes fiscales pour les municipalités».
L’est de Montréal, territoire sacrifié
Il ne s’agit pas de la première incursion du chercheur dans le passé de l’est de Montréal, où des secteurs ont été un peu «sacrifiés» pour l’industrialisation de l’île. M. Hatton-Proulx avait d’ailleurs déjà participé à la production d’un article scientifique sur l’histoire du développement d’Anjou, dont un pan traite de l’ancienne raffinerie British Petroleum.
«[L’est de Montréal] a une population historiquement plus pauvre et plus francophone. C’est toujours comme ça en histoire environnementale. On déploie les industries à côté des populations plus vulnérables, parce qu’on estime qu’elles vont moins s’y opposer, ou qu’elles auront moins de possibilités d’empêcher ces usines de s’implanter là.»
Les personnes souhaitant participer à la recherche peuvent écrire à clarence.hattonp@inrs.ca, ou le contacter au 514 816-0614.
Des résultats présentés aux citoyens
À l’invitation de la Table de concertation des Ainés de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles, M. Hatton-Proulx présentera possiblement à ses membres le fruit de ses recherches, lorsqu’elles seront complétées.