Débat sur l’environnement dans Camille-Laurin
Six candidats de la circonscription de Camille-Laurin ont participé à un débat axé sur l’environnement, dans le sous-sol de l’église Saint-François d’Assise, le 20 septembre, devant une assemblée de près de 150 personnes.
Deux candidats étaient absents à ce débat organisé par le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E): Richard Campeau, le député sortant de Camille-Laurin et candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), ainsi que Christos Karteris, du Parti conservateur du Québec (PCQ).
La question du transport collectif a évidemment été abordée puisque le quartier de Tétreaultville a été sous les feux de la rampe dans le dossier du REM de l’Est. Les autres questions – envoyées à l’avance aux candidats – ont porté sur la relance de l’Est, le développement industriel, les infrastructures routières et le patrimoine bâti.
Relance de l’Est
Développement économique plus vert et décontamination des terrains ont été les deux axes abordés par les candidats présents à propos de la relance de l’Est.
La candidate libérale Christina Eyangos a commencé en mentionnant le projet ÉCO de son parti, un «mariage» entre l’économie et l’écologie, a-t-elle expliqué. «On veut mettre de l’avant les entreprises qui ont des missions environnementales et écologiques», a-t-elle précisé.
Paul St-Pierre Plamondon, du Parti québécois (PQ), a mis l’accent sur une transition vers une nouvelle économie «verte et juste», proposant de respecter les engagements internationaux du Québec sur les gaz à effets de serre (GES) et de créer un pôle stratégique écologique dans l’Est. Concernant la décontamination, le chef du PQ a reproché à Richard Campeau d’avoir fait la «politique de la chaise vide» au lieu d’intervenir pour accélérer le processus.
Marie-Eve Rancourt, de Québec solidaire (QS), a soutenu que l’arrivée d’entrepôts de multinationales telles qu’Amazon et Costco dans l’Est de Montréal «va engendrer du camionnage dans la circonscription», ce qui va à l’encontre de la volonté de QS de prioriser les entreprises contribuant à l’atteinte de leurs objectifs en matière de lutte aux changements climatiques, créant des emplois de qualité et favorisant l’économie circulaire. Le parti veut également mettre une réserve foncière sur certains terrains, dont celui d’Esso, afin d’orienter leur développement.
Jean-Paul Émond, de Climat Québec, a pour sa part déploré que les nouvelles installations de la compagnie pharmaceutique Moderna se soient établies à Laval, déçu que l’Est n’ait pas été choisi puisque les terrains y sont contaminés et que «ça prendrait deux à trois ans pour les décontaminer avant d’implanter l’usine».
Pour Bourama Keita, du Parti vert du Québec (PVQ), les deux priorités sont d’investir dans la décontamination et dans des projets tels que les écoparcs industriels. «L’Est de Montréal sera revitalisé, ce ne sont pas des paroles en l’air», a soutenu le candidat.
Charles McNicoll, de l’Équipe autonomiste, a plaidé pour que les décisions concernant le développement de l’Est soient basées sur la science. «On va continuer de polluer, mais ça prend quand même un certain seuil qui sera déterminé par la science et les experts», a-t-il précisé, tout en ajoutant qu’il faut préserver la qualité de vie dans les quartiers résidentiels.
Développement industriel
Concernant spécifiquement le dossier de Ray-Mont Logistiques, tous les candidats présents se sont dit d’accord d’assujettir ce projet à un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Paul St-Pierre Plamondon a profité de l’occasion pour parler de l’indépendance du Québec, rappelant que le Port de Montréal et le Canadien National (CN) sont tous deux de juridiction fédérale. «Si l’Ouest canadien veut augmenter sa capacité d’exportation, ce n’est pas mon intérêt et ce n’est pas l’intérêt du Québec», a-t-il affirmé.
Christina Eyangos ne s’est pas gênée de son côté pour critiquer sévèrement le gouvernement de la CAQ dans sa gestion du dossier de Ray-Mont Logistiques, le qualifiant de «poche», une intervention qui a bien faire rire l’assemblée. «Notre député et notre ministre responsable de Montréal n’ont pas de leadership», a-t-elle affirmé. Elle a rappelé que si les entreprises ont des droits, elles ont aussi des responsabilités envers le milieu de vie où elles s’installent.
Marie-Eve Rancourt a mentionné de son côté que le dossier Assomption Sud–Longue-Pointe lui tient particulièrement à cœur, elle qui habite tout près. Elle a aussi évoqué le travail que le député sortant de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a fait dans le dossier.
Charles McNicoll s’est rangé du côté de ses adversaires politiques, se disant en faveur d’un BAPE et s’engageant que la loi sur la qualité de l’environnement sera modifiée. Il a en revanche ajouté qu’on ne peut pas faire plaisir à tout le monde.
Jean-Paul Émond a énuméré d’entrée de jeu les réalisations en environnement de sa cheffe Martine Ouellet, dont la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 à l’époque où elle était ministre des Ressources naturelles. Il a aussi rappelé que le gouvernement a le pouvoir de suivre ou pas les recommandations d’un BAPE et que cette façon de faire devait changer.
Bourama Keita a indiqué pour sa part que les critères environnementaux du PVQ sont très élevés et qu’avec ce parti au pouvoir, le développement économique sera axé sur une croissance verte.
Transport collectif
Interrogé sur leurs orientations pour le développement du transport collectif dans l’Est, chaque candidat a fait part de ses préférences. Les candidats de Climat Québec et du PVQ se sont entendus sur une chose: que le transport collectif soit gratuit, ce qui, selon eux, permettrait de réduire l’attrait de la voiture.
Si QS s’engage à réduire les tarifs de 50%, Marie-Eve Rancourt a mis de l’avant le projet ambitieux du parti d’ajouter entre autres une ligne mauve au métro de Montréal, de prolonger les lignes orange et verte, ainsi que de créer plusieurs lignes de tramway.
Paul St-Pierre Plamondon s’est désolé de son côté que le gouvernement du Québec ait perdu quatre ans «à mettre de l’argent dans des trucs qui n’ont servi à rien», faisant ici référence au projet de REM de l’Est de la CDPQ Infra. Il se dit cependant intéressé par la version bonifiée du REM proposée par Christian Yaccarini et Christian Savard, qui ramène l’idée d’un tronçon allant jusqu’au centre-ville. Le chef du PQ a ajouté en revanche «qu’on n’a pas beaucoup besoin de consulter à ce stade-ci pour exclure le mode aérien».
Évitant de se prononcer pour un projet précis,* Christina Eyangos a soutenu que l’Est mérite un projet de transport collectif. Elle a expliqué que les simples déplacements au sein de la circonscription sont difficiles. La libérale a également indiqué que le SRB Pie-IX et le prolongement de la ligne bleue sont un héritage du PLQ.
Charles McNicoll s’est dit également contre le mode aérien, mais a affirmé du même souffle qu’il doit avoir une juste balance entre le développement et la capacité de payer des contribuables. Il a également indiqué que l’Équipe autonomiste souhaite prolonger la ligne bleue jusqu’à Pointe-aux-Trembles.
Si Bourama Keita n’a pas précisé le type de transport souhaité par son parti, il s’est dit en faveur de son développement dans l’est. Jean-Paul Émond, lui, a dit souhaiter que le métro soit prolongé jusqu’à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles afin de permettre aux citoyens de se rendre rapidement au centre-ville.
Infrastructures routières
À cette question, plusieurs candidats ne se sont pas gênés pour critiquer l’attitude du ministère des Transports du Québec (MTQ) dans sa gestion de la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et des entraves qui en découlent dans Mercier-Est.
«La population au sud de la voie ferrée est prise en otage dans son propre quartier», a déclaré Marie-Eve Rancourt, demandant ainsi que l’intersection Honoré-Beaugrand/Souligny soit enfin rouverte en direction nord. «On priorise les gens de la banlieue au détriment des gens de Mercier-Est, et ça, c’est inacceptable», a-t-elle ajouté.
Christina Eyangos a rappelé les nombreuses interventions des citoyens au conseil d’arrondissement de MHM à propos du «travail chiffonné du MTQ et des élus de la région de Montréal qui font n’importe quoi». Ce n’est pas aux citoyens de faire la distinction entre les travaux qui sont sous la responsabilité de Québec ou de Montréal, a-t-elle ajouté.
À l’instar de ses adversaires, le chef du PQ a mis l’accent sur le rôle d’un député qui doit, selon lui, intervenir lorsque le MTQ ne collabore pas avec les élus locaux et ne consulte pas la population. «Clairement, il y a une forme de silence imposé à la CAQ et c’est très malsain pour toutes sortes d’enjeux pour les citoyens», a affirmé Paul St-Pierre Plamondon.
Jean-Paul Émond a réitéré la volonté de Climat Québec de rendre gratuit le transport collectif, ce qui permettrait de réduire le nombre de voitures sur les routes. Il a également mentionné le problème du camionnage, très présent sur la rue Notre-Dame et l’impact que cela a sur les infrastructures routières.
Bourama Keita a répété que la priorité du PVQ était pour le transport collectif, mais a ajouté que son parti souhaite également investir dans les infrastructures routières. Il a aussi indiqué qu’une meilleure concertation est nécessaire afin que les routes répondent aux besoins environnementaux et qu’elles soient de qualité.
Charles McNicoll a expliqué de son côté qu’afin de réduire les impacts de la réfection du pont-tunnel, il faudrait ajouter un pont dans l’est de Montréal, «ou un tunnel», a-t-il précisé, expliquant en revanche que le Parti autonomiste ne souhaite pas s’ingérer dans les travaux du MTQ.
*Lors d’une conférence le 21 septembre, le PLQ s’est dit prêt à mettre tout l’argent nécessaire pour réaliser le REM de l’Est, à condition que le projet remporte l’acceptabilité sociale.