Le bio n’échappe pas à l’inflation
L’inflation qui touche le Canada n’est pas sans avoir un impact sur le secteur alimentaire et encore moins sur les produits biologiques. Métro s’est penché sur le sujet afin de comprendre comment l’inflation se répercute sur l’industrie du bio et ses consommateurs.
La vague d’augmentation des prix concerne l’ensemble des aliments, mais certains produits se voient plus touchés que d’autres. Selon Pierre, gérant de l’épicerie biologique Marché 3 Piliers, l’augmentation peut aller jusqu’à 30% pour certains aliments tels que les produits laitiers comme le beurre.
À son avis, le café, par exemple, est désormais «tombé dans la gamme du luxe», et il déplore une baisse des ventes de produits laitiers.
Alors qu’il ne constate pour le moment aucune diminution de la clientèle ni du panier moyen d’épicerie, Pierre a conscience que, dans les prochains mois, certains consommateurs s’orienteront plus vers des produits dits « conventionnels » (non biologiques) ou arrêteront même totalement d’acheter bio.
«Il y aura une prise de conscience dans les prochains mois, soutient Pierre. Pas mal de personnes vont changer leur façon de consommer ».
Face à l’augmentation des prix, l’achat d’aliments en vrac demeure, selon lui, une bonne solution de rechange pour ne pas être surpris une fois qu’on arrive à la caisse. Selon lui, le coût est plus intéressant avec le vrac, car le prix de l’emballage disparaît.
Le propriétaire des épiceries Vrac & Bocaux, Thomas Tiberghien, estime aussi que le vrac est utile face à l’inflation. « Le vrac procure cet avantage d’acheter uniquement la quantité dont on a besoin », dit-il.
Tous deux déplorent aussi la taxation des produits préparés tels que les sandwichs. Pour Thomas Tiberghien, une détaxation de ces produits prêts à manger permettrait de réduire leur coût final.
«Si les prix augmentent encore dans les prochaines années, ce sera plus difficile de se nourrir avec des produits de bonne qualité», craint Thomas Tiberghien.
Selon Pierre, le gouvernement devrait aussi revoir les taxes sur les produits verts afin d’assurer leur attractivité.
Qu’en pensent les consommateurs?
Métro est allé à la rencontre de consommateurs réguliers d’aliments biologiques pour connaître l’impact de l’inflation sur leur épicerie. La majorité d’entre eux explique ne pas vouloir arrêter d’acheter bio malgré les augmentations de prix.
Carine, qui consomme majoritairement des aliments bios, maintiendra coûte que coûte sa façon de s’alimenter, quitte à faire des sacrifices sur d’autres dépenses du quotidien.
«Je pense plus à ma santé même si je vais peut-être couper sur des loisirs ou des choses moins importantes, dit-elle. Depuis deux ans, on a l’habitude de couper sur certaines choses et j’ai survécu».
Elle espère toutefois que cette hausse des prix «n’atteindra pas des sommets».
Du côté de Chantal, qui consomme uniquement des produits biologiques, certains choix ont dû être faits. Elle a notamment changé d’épicerie biologique pour réduire le coût de son panier.
«Je préfère acheter moins et manger moins, mais continuer à acheter bio, dit-elle. Le salaire n’augmente pas, mais tout augmente, donc je me limite un peu.»
Chantal confie aussi avoir arrêté d’acheter des repas tout préparés, car leur prix devenait trop important.
La différence de prix entre aliments biologiques et conventionnels
Alors que l’augmentation des prix concerne autant les aliments biologiques et conventionnels, Métro s’est rendu dans une succursale de l’épicerie Metro pour observer la différence de prix.
Aliment | Biologique | Conventionnel |
Concombre anglais (par unité) | 2,99 $ | 2,99 $ |
Pomme Granny Smith (par lb) | 2,99 $ | 2,99 $ |
Banane (par lb) | 1,49 $ | 0,89 $ |
Citron (par unité) | 1,49 $ | 1,25 $ |
Barquette de 227 g de champignons blancs | 2,99 $ | 2,99 $ |
La différence de prix entre produits biologiques et conventionnels semble cependant rester faible, voire inexistante, pour certaines catégories.
Selon le directeur des ventes du fournisseur d’aliments biologiques et conventionnels Tootsi Impex, Jean-Luc Lachance, l’augmentation des prix devrait se stabiliser en 2022 et être suivie d’une possible diminution des prix en 2023. Il souligne cependant que tout dépendra de l’évolution de la pandémie, laquelle pourrait avoir un impact sur l’évolution des prix.
La série «Bouffe tes économies» se penche sur les impacts de la hausse du prix du panier d’épicerie sur le budget des familles montréalaises. Au menu : perspectives, témoignages et astuces. À lire dans la section Parlons cash.