Pancartes vandalisées: un candidat dénonce un geste raciste
Jonas Fadeu, candidat libéral dans La Pointe-de-l’île, dénonce des actes de vandalisme racistes commis sur ses pancartes électorales.
Le mot en N a notamment été inscrit sur l’une d’elles, comme en témoigne une photo fournie à Métro.
«On doit s’exprimer autrement. L’utilisation des termes haineux n’est pas acceptable dans une société démocratique », dénonce M. Fadeu.
S’il s’attendait à des gestes racistes en se lançant en politique, il déplore l’impact qu’ils peuvent avoir sur les gens de sa communauté. Le candidat libéral préfère d’ailleurs ne pas partager publiquement les photos des pancartes vandalisées pour « ne pas décourager » d’éventuelles candidatures venant de groupes minoritaires.
M. Fadeu ajoute avoir reçu plusieurs messages discriminatoires sur Facebook. Il affirme en avoir masqué la majorité, mais a toutefois décidé d’en dénoncer un publiquement sur sa page. Celui-ci fait référence au « blackface ». « Que des gens me demandent si c’est vraiment moi, un homme noir, ou si c’est Justin Trudeau déguisé… c’est odieux! »
M. Fadeu insiste toutefois sur le fait qu’il s’agit d’un phénomène très marginal. « L’immense majorité des gens que je rencontre est formidable. »
La ligue des Noirs dénonce
Appelé à réagir, le président de la Ligue des Noirs du Québec, Max Stanley Bazin, martèle que les actes racistes commis contre les candidats sont « inadmissibles » et criminels.
« Ce n’est pas normal. On est en 2021, dans le cadre de notre société actuelle, on devrait mettre derrière nous les actes racistes. »
Or, depuis le début de la campagne fédérale, d’autres candidats ont subi le même sort. Dans les circonscriptions d’Outremont et de Mont-Royal, des croix gammées ont été dessinées sur les pancartes des députés libéraux de confession juive Rachel Bendayan et Anthony Housefather.
Dans Rosemont-La Petite-Patrie, des propos xénophobes ont été écrits sur des affiches de la candidate bloquiste Shophika Vaithyanathasarma.
Question d’éducation
M. Bazin souligne que ce n’est pas tout le monde qui est raciste, « et que ceux qui le sont « ne (le) sont pas à la naissance », mais qu’ils le deviennent à force d’être exposés à des exemples de comportements racistes.
La solution passe à son avis en grande partie par l’éducation. Il rappelle à cet effet l’importance de l’engagement du gouvernement Legault d’ajouter l’enjeu du racisme au cursus scolaire.
Par courriel, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse dénonce également «fermement» les propos racistes visant les candidats politiques. «La discrimination et le racisme ont un impact négatif sur toute personne qui les subit et dégrade le climat social. Les actes discriminatoires de vandalisme ne doivent pas être banalisés.»
Incidents haineux
Selon le dernier rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le nombre d’incidents haineux concernant la race, l’origine nationale ou ethnique ou la couleur est passé de 29 en 2019 à 60 en 2020, soit un bond de 106,9 %.