Alors que la violence armée ne cesse de gangrener la sécurité de divers quartiers de Montréal, plusieurs organismes communautaires du nord et de l’est de Montréal annoncent la création de la Coalition Pozé. Ce nouveau regroupement lance un appel au calme et exige désormais plus de considération de la part des élus.
C’est un véritable cri du cœur qu’ont lancé les différents acteurs sociaux présents ce 12 août, lors d’une conférence de presse tenue à Rivière-des-Prairies.
«Il faut arrêter cette hémorragie. Agissons désormais sur les vraies causes et pas sur les symptômes! », a lancé Pierreson Vaval, directeur de l’organisme jeunesse Équipe RDP et instigateur de la Coalition Pozé.
Ces paroles font échos à la flambée de violence par armes à feu de cette dernière année et à la fusillade du 2 août ayant fait trois morts et deux blessés.
«Montréal est là parce que l’heure est grave!», déclare M. Vaval.
Les organismes de Rivière-des-Prairies, Saint-Léonard, Saint-Michel, Montréal-Nord sont les premiers à s’être réunis sous cette nouvelle bannière.
«Notre but étant d’élargir ce collectif, les portes sont ouvertes et nous voulons que d’autres organismes s’ajoutent à Pozé. Plus nous serons, plus nous aurons de l’impact», a précisé Beverley Jacques, directeur de DOD Basketball à Saint-Léonard et intervenant actif auprès des jeunes.
«Nous demandons aux jeunes de poser les armes. La violence ne fera que augmenter votre souffrance.»
Pierreson Vaval, directeur de l’organisme Équipe RDP
Montréal connaît depuis un an une flambée de violence. Le nord et l’est de l’île sont les plus impactés.
Le 11 août, vers 17 h, des coups de feu ont de nouveau été tirés dans le secteur de Rivière-des-Prairies, ne faisant cette fois-ci pas de victime.
Le lendemain, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a annoncé l’arrestation d’un suspect dans le cadre de l’enquête sur des coups de feu échangés le 28 mai. Le suspect a été appréhendé avec une arme de poing à la ceinture, des munitions et un chargeur prohibé.
L’importance des intervenants
Beaucoup d’intervenants de la Coalition Pozé se sont exprimés sur l’importance de leur travail au sein de la communauté et auprès des jeunes en particulier.
Devant un parterre d’élus et de citoyens, ils sont près d’une dizaine à avoir pris le microphone afin de faire état de leur travail au quotidien.
«Nous faisons partie de la solution. Il est temps de nous inviter autour de votre table de discussion et de nous écouter. Il ne faut plus réfléchir à huis clos», a déclaré avec beaucoup d’émotions, Mac, intervenant jeunesse à Équipe RDP.
Cassandra, jeune intervenante au sein du collectif Hoodstock de Montréal-Nord, a également insisté sur le fait que les intervenants avec lesquels elle travaille connaissent le terrain. «Ils savent mieux que quiconque ce qui se passe. Ils ont des idées qu’il faut désormais prendre en considération», a-t-elle exprimé.
Des citoyens inquiets
Une vingtaine de citoyens ont assisté à la conférence de presse ce jour-là.
Anna se dit concernée par l’escalade de la violence. Elle s’inquiète pour le futur de ses enfants et ne place plus vraiment d’espoir en ses élus.
Massimo Salerno, résident depuis 10 ans à RDP, a tenu à assister à ce lancement, car il se sent préoccupé de l’avenir des jeunes du quartier. «Il leur faut plus de locaux, de centres sportifs et autres. Les infrastructures sont trop peu nombreuses pour ces jeunes», avance-t-il.
Lucie, mère de famille de trois enfants, dont un adolescent, est inquiète quant à l’inaction des politiques et de la police. «Ils sont toujours là après coup. Il faut travailler en amont et sur le long terme», pense-t-elle.