Immobilier: une nouvelle hausse record des prix, d’après Royal LePage
Le marché de l’immobilier a enregistré une hausse record des prix dans le Grand Montréal, soit un bond de près de 20% entre le dernier trimestre de 2020 et le dernier de 2021. C’est ce que révèle une récente étude publiée par le cabinet immobilier Royal LePage. Les prévisions pour l’année 2022 tablent sur une hausse moins marquée, mais tout de même près des 8%.
«L’agrégat du prix d’une propriété dans la région a augmenté de 19,7% d’une année sur l’autre, pour atteindre 532 600 $. Le prix médian d’une maison unifamiliale détachée a quant à lui grimpé de 20,0% pour atteindre 595 500 $, tandis que celui d’un appartement en copropriété a affiché une hausse de 18,2% pour atteindre 428 900 $ lors du quatrième trimestre de 2021», souligne le rapport.
Une telle hausse de l’ordre de près de 20 % est assez «inquiétante», même s’il faut relativiser avec le volume des ventes, explique le chargé de cours à l’UQAM, et spécialiste en immobilier, Yvon Rudolphe. «Mais par rapport aux salaires moyens, une hausse de valeur de 20 % devient dangereuse, car elle augmente le risque sur le patrimoine. C’est assez irrationnel ce qu’il se passe.» D’après M. Rudolphe, l’inflation devrait pousser les grandes banques a augmenter les taux d’intérêt. «Des moyens mis en place dans le logement abordable et social permettraient d’atténuer cette croissance.»
Les prévisions pour 2021 se sont finalement réalisées et la firme immobilière entrevoit encore une hausse des prix pour 2022, mais moins marquée cette fois-ci. «Le marché immobilier s’est comporté exactement comme nous l’avions envisagé, observant une forte hausse des prix en première moitié d’année, suivie d’un léger relâchement en fin d’année. […] Royal LePage prévoit que le prix de l’agrégat des propriétés dans la région du Grand Montréal devrait connaître une hausse de 8,0% d’une année sur l’autre pour atteindre 564 800 $ à la fin du quatrième trimestre de 2022», affirme Dominic St-Pierre, vice-président et directeur général de Royal LePage au Québec.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande, les besoins en matière d’habitation, les bas taux d’intérêt font partie des explications de ces hausses record des prix de l’immobilier, selon Royal LePage. Geneviève Langevin, courtière immobilière à Royal LePage Altitude, de Langevin immobilier a effectivement remarqué cet effet au mois de décembre 2021. «Par crainte de la hausse des taux d’intérêt, des gens se sont ainsi pressés. La question de la rareté et le déséquilibre entre offre et demande a aussi joué.»
Disparités sur le territoire de Montréal
L’augmentation globale des prix sur le territoire frôle les 20%, mais la hausse est beaucoup plus marquée sur la Rive-Sud (22,7%) et la Rive-Nord (25,1%). Ces augmentations surviennent alors que Montréal a perdu un nombre record de résidents au profit des banlieues en 2020-2021. La perte nette est de 48 300 personnes selon le dernier Bulletin sociodémographique de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
«Le travail au centre-ville ou au bureau est devenu moins nécessaire. Des jeunes ménages ont fait ce pas [exode hors Montréal], ou d’autres personnes ont devancé leur départ. La pandémie a ainsi changé les besoins», précise Geneviève Langevin.
À Montréal, l’augmentation diffère sensiblement selon que vous vous trouvez à l’est, à l’ouest ou au centre de l’île. Le dernier trimestre 2021 voit ainsi le prix des propriétés augmenter de 10,7% dans le centre pour atteindre 669 500 $. La hausse est de 15,3% dans l’ouest pour atteindre 664 700 $. L’est voit plutôt une augmentation de 10,1% pour atteindre 518 700 $.
Sur l’île, la réalité des maisons unifamiliales est fort différente de celle des condos. Les maisons ont enregistré une augmentation moyenne de 15% sur ce trimestre-ci par rapport au même trimestre de 2020. Par contre, pour les appartements en copropriété, la hausse diffère selon le secteur, soit 6,2% pour l’est (431 300 $), 6,7% pour le centre (509 900 $) et 15,3% pour l’ouest (415 200 $).
Stratégie canadienne de l’abordabilité
Parallèlement, Ottawa a annoncé un montant supplémentaire de 118,2 millions de dollars sur sept ans, pour la deuxième phase de l’Initiative fédérale de logement communautaire (ISCF), qui vise à construire des logements abordables.
La deuxième phase vise à «stabiliser l’exploitation de quelque 55 000 logements communautaires administrés par le gouvernement fédéral», par le biais d’un financement de 462 millions de dollars. Avec la nouvelle annonce, ce montant passe à plus de 580 millions de dollars.