À table

Enfin un [vrai] quartier vert pour Montréal?

Difficile de reprocher à la Société de développement Angus (SDA) de manquer d’ambition pour son prochain projet dans Rosemont. L’objectif: créer un quartier de réputation mondiale en matière de développement durable.

C’est ce que m’expliquait récemment le président et chef de la direction de la SDA, Christian Yaccarini, alors qu’il planifie depuis des mois la dernière pièce de son puzzle au Technopôle Angus: un quartier mixte (commercial et résidentiel) d’une superficie de 550 000 pieds carrés, soit l’équivalent de 11 terrains de football.

Sa vision s’articule autour d’un quartier composé entièrement de copropriétés écologiques répondant aux normes canadiennes LEED (Leadership in Energy and Environmental Design); Autour d’une rue piétonne traversant le site d’une extrémité à l’autre, bordée par des places publiques, des terrasses et des jardins d’agriculture urbaine; autour d’un site où aucun stationnement de surface ne serait créé pour éviter de générer de nouveaux îlots de chaleur dans l’arrondissement.

Oubliez également les tours à condos «à la Griffintown» pour de jeunes couples sans enfant: on ne prévoit que du logement social ou abordable, avec au moins trois chambres à coucher. Une option devenue malheureusement trop rare ces dernières années pour les familles qui désirent rester à Montréal.

Mais le clou du projet résiderait dans la récupération de l’énergie produite par les activités commerciales du secteur. La SDA envisage sérieusement la possibilité de créer une «boucle énergétique» entre divers édifices, ce qui permettrait, par exemple, de récupérer la chaleur générée par les réfrigérateurs d’un restaurant pour chauffer les condos voisins. Une stratégie qui a déjà fait ses preuves dans les pays scandinaves. Pourquoi pas à Montréal? Christian Yaccarini s’est d’ailleurs déplacé en Finlande, en Suède et au Danemark pour y étudier la conception de ces systèmes de transfert énergétique. Sans oublier que la SDA s’intéresse également à de nouvelles technologies universitaires (notamment celles de la Polytechnique) en voie de convertir nos déchets résidentiels et commerciaux en énergie.

Bref, j’étais honnêtement loin de m’attendre à une proposition aussi avant-gardiste en me présentant aux bureaux de la société. Le seul mot qui me venait en tête à la fin de la rencontre était «enfin!». Enfin un promoteur responsable qui désire, par lui-même, pousser encore plus loin la notion de «quartier durable» à Montréal. Parce que, soyons honnêtes: plusieurs promoteurs (pour ne pas dire nos élus) ont parfois la gâchette facile sur l’expression «quartier vert». Ajouter quelques arbres ici et là et des pistes cyclables dans un développement résidentiel ne constituent pas un «quartier vert» en soi. C’est un départ, certes, mais sans plus. Un milieu de vie bien réfléchi devrait réduire au maximum les déplacements boulot-resto-dodo, fournir un accès rapide aux transports actifs et collectifs, présenter des bâtiments écologiques qui minimisent leur consommation d’énergie et, si possible, proposer une gestion exemplaire des déchets. La SDA l’a compris.

Il ne reste plus qu’à se demander si cette ambitieuse vision se concrétisera réellement d’ici 2020. Plusieurs étapes restent évidemment à franchir, mais rien n’empêche de rêver.

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Séance d’information: La SDA tiendra une assemblée publique jeudi soir, 19h, pour présenter en détails son plan d’aménagement pour le Technopôle Angus.

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