Bouffe végane transformée, en prendre et en laisser
Sur les étagères des épiceries, les produits véganes se multiplient et c’est tant mieux pour l’environnement et le bien-être des animaux. Sauf qu’à vouloir toujours faire le meilleur choix, on finit un peu par se perdre. Trop gras, trop sucré, trop salé ou transformé, y a-t-il des produits à éviter? Deux experts nous aident à différencier le bon du meh.
Bon, on est désolés de vous le dire d’entrée de jeu, mais la plupart des produits véganes qu’on trouve à l’épicerie et qui sont censés remplacer des aliments d’origine animale ne sont pas super bons pour votre santé. En tout cas, d’un point de vue nutritionnel, ils ne sont généralement pas meilleurs que ce qu’ils imitent.
«L’industrie met souvent de l’avant le fait que ces produits sont faits à partir d’ingrédients d’origine 100% végétale, sauf que végétal ne veut pas dire plus nutritif ou meilleur pour la santé», explique Bernard Lavallée, alias le nutritionniste urbain.
Les imitations de viande, les protéines végétales texturées, les fauxmages et même plusieurs laits végétaux tombent en fait dans la catégorie des aliments «ultratransformés», précise-t-il. C’est-à-dire qu’ils nécessitent de nombreux ingrédients, des colorants, des texturants, des agents de conservation, des saveurs artificielles et toutes sortes d’autres additifs que les nutritionnistes recommandent d’éviter pour une alimentation plus saine.
«À force de vouloir imiter, on finit bien souvent par faire des compromis sur le plan de la valeur nutritive. On ajoute de la matière grasse, des agents texturants et à la fin, si on compare une boulette de viande avec une boulette végé industrielle, il y aura souvent plus d’ingrédients et plus d’additifs dans la végé», renchérit Hubert Cormier, docteur en nutrition et créateur du site Bon pour toi.
À bannir?
Puisqu’ils sont si peu nutritifs, on se dit alors qu’on devrait éviter à tout prix de consommer ces produits véganes ultratransformés. Mais comme souvent en matière de nutrition, il ne s’agit pas de condamner des aliments, mais plutôt de se modérer.
«Tout est une question de fréquence. Si c’est une boulette de temps en temps, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Par contre si vous mangez tous les jours du fast-food, que ce soit de la bouffe végane ou non, ça risque d’avoir des conséquences sur votre santé», résume Hubert Cormier.
Au même titre qu’un gâteau d’anniversaire, une crème glacée enrobée de chocolat ou des croustilles, les faux filets de saumons, boulettes véganes et autres fausses viandes hachées végétales doivent rester, selon lui, un aliment qu’on consomme de manière exceptionnelle, pas plus d’une à deux fois par mois.
«Il faut aussi penser que les gens qui se tournent vers les aliments végés et véganes ne le font pas que pour des raisons de santé mais aussi pour des raisons éthiques et écologiques par exemple», ajoute Bernard Lavallée. Et de ce point de vue là, les produits ultratransformés qui imitent la viande ou le fromage ont un rôle à jouer puisqu’ils peuvent faciliter la transition vers une nouvelle alimentation, souligne justement l’auteur de Sauver la planète une bouchée à la fois.
Lire l’étiquette, mais pas trop
Si vous tenez vraiment à comparer les différents produits véganes qu’on trouve dans les commerces, nos deux experts de la nutrition vous suggèrent de jeter un œil à l’étiquette.
Là, il y a quelques indices qui vous permettront de savoir si un produit est ultratransformé. Notamment, une longue liste d’ingrédients, la présence d’additifs (conservateurs, agents de texture, colorants, saveurs artificielles), beaucoup de sel, de gras ou de sucre, etc.
Cela dit, ne vous faites pas des nœuds au cerveau en essayant de décoder les tableaux de valeur nutritive. «Si vous hésitez entre deux produits [dotés d’une longue liste d’ingrédients aux noms scientifiques incompréhensibles], prenez simplement celui que vous préférez, celui qui vous fera vraiment plaisir!, conseille le nutritionniste urbain. Parce qu’entre vous et moi, entre deux boulettes ultratransformées, il n’y a pas une énorme différence.»
Aux fourneaux!
Au bout du compte, la meilleure boulette végane, c’est celle qu’on fait soi-même. Alors demandez à vos amis véganes de vous transmettre leurs meilleures recettes! Même chose pour le fauxmage et le lait végétal, qu’il est possible de faire à la maison, en particulier le lait d’avoine qui est facile à faire, moins coûteux et bon pour la santé.
Plus généralement, les deux experts sont unanimes, le mieux que vous puissiez faire, c’est de favoriser des aliments peu ou pas transformés et d’avoir une alimentation variée. Pour remplacer les protéines, le tofu, le tempeh, les noix, les graines et les légumineuses feront une bien meilleure job que n’importe quelle fausse viande industrielle.
«Il y a de quoi trouver l’inspiration dans les livres de cuisine et sur internet. En plus c’est souvent pas mal moins cher et ça permet d’éviter les produits suremballés», encourage Hubert Cormier, qui vient d’ailleurs de faire paraître le livre de recettes Snunch!