D’aussi loin qu’elle se souvienne, Claudette Dessources a eu le sens des affaires. Ce n’est donc pas une séparation, trois enfants ou même une pandémie qui allait empêcher cette passionnée de cuisine de servir son griot et son lalo là où on l’a accueillie à son arrivée au Québec: sur le boulevard Léger, à Montréal-Nord.
«Le commerce coule dans mes veines», lance la dame de 56 ans, installée derrière l’appétissant comptoir de plats traditionnels haïtiens de Kanasuk – «canne à sucre» en créole.
À huit ans, la petite Claudette vendait déjà du Ti Karol chez sa mère, à Port-au-Prince. «Je prenais du Kool-Aid, du sucre et je mettais ça dans des petits sacs. Je vendais ça 25 sous», raconte-t-elle, les yeux brillants.
Elle tiendrait ça de sa mère, elle aussi commerçante.
Une fois adulte, Claudette a continué à revendre ce qu’elle trouvait: des tissus achetés, des bijoux et même des cartes d’appel. Mais à son arrivée à Montréal, il y a environ trente ans, elle s’est dirigée vers ce qu’elle aime par-dessus tout: la cuisine.
J’aime le monde, j’aime cuisiner. J’aurais pu aller dans un autre domaine, mais dans la vie, quand tu as la chance de faire ce que tu aimes, il faut en profiter!
Claudette Dessources, ropriétaire du restaurant Kanasuk.
Bouillon réconfort
En matière de cuisine, Claudette Dessources n’y va pas avec le dos de la cuillère! Elle ne fait pas tout, mais elle est derrière toutes les recettes, goûte et approuve tout.
«J’ai de tout», se targue-t-elle en pointant le griot, le poulet, les différents types de riz, le ragoût, le maïs moulin et les plats de légumes – comme le lalo, un plat à base de feuilles à manger avec du riz blanc.
«Ce n’est pas tout le monde qui en vend, mais les Haïtiens le savent: quand quelque chose est vert ou noir, c’est qu’il y a beaucoup de vitamines. Tout le monde l’aime, même les enfants», soutient la restauratrice.
Quant au bouillon, elle ne se contente pas de le servir la fin de semaine. Il y en a tous les jours pour ceux qui veulent quelque chose de «pas trop lourd, mais réconfortant». La soupe Joumou est aussi parfois au menu.
Le tout peut être agrémenté d’un jus de de corossol ou d’un jus de canne à sucre fraîchement broyée.
Retour aux sources
Kanasuk a ouvert ses portes il y a six mois sur le boulevard Léger.
«C’est le coin qui m’a accueillie quand je suis arrivée à Montréal. Je me sentais tellement bien», souligne Mme Dessources, qui n’entend pas se laisser abattre par la pandémie et le prix croissant des aliments pour continuer à vivre de sa passion.